Nature morte dite "de fiançailles"
Le plus célèbre peintre originaire de Grenoble, Henri Fantin-Latour, quitte définitivement le Dauphiné à l’âge de cinq ans. C’est auprès de son père, le peintre Théodore Fantin-Latour, qu’il reçoit son premier enseignement, suivi de cours du soir dans une école de dessin à Paris puis d’un apprentissage dans un atelier où le professeur encourage ses élèves à copier des tableaux au Louvre. À ses débuts Fantin-Latour peint des bouquets car ce motif lui permet d’approfondir son métier. Par la suite, ces tableaux, très appréciés de la clientèle anglo-saxonne, deviendront sa principale source de revenus. Il ne cède cependant jamais à la facilité et peint ses natures mortes aux fleurs avec autant d’exigence que le reste de son œuvre. Il renouvèle son motif pour chacune des cent soixante compositions florales qui font de lui un des peintres les plus prolixes et les plus réputés dans ce domaine. Fantin-Latour travaille uniquement en atelier, préférant suivre la leçon des maîtres anciens que de se laisser guider par la nature comme les impressionnistes, ses contemporains. D’un format pourtant réduit, la Nature morte dite de fiançailles s’impose par la simplicité de sa composition et par ses couleurs éclatantes. Étudiée avec soin, la disposition de chacun des éléments concourt à une mise en scène sobre et parfaitement équilibrée qui rappelle celle des peintures de Chardin. Tous les objets sont judicieusement choisis pour leur proportion et la qualité de leur matière, transparente ou opaque. Le rouge grenat du vin et son reflet répondent à ceux des cerises, le blanc laiteux du camélia à celui de la coupe en porcelaine et le décor bleu du vase chinois trouve son prolongement dans le bouquet lui-même. Saturées ou nuancées, les couleurs posées en touches fines et sûres restituent aux fleurs et aux fruits leur fraîcheur et leur caractère naturel, tandis qu’une lumière douce et égale semble les soustraire au temps. Le choix de cette œuvre comme cadeau de fiançailles à Victoria Dubourg, elle-même peintre de fleurs, témoigne de l’importance et de l’attachement que lui accordait Fantin- Latour.
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