Hercule
L’Hercule, dit Hercule Lesdiguières en raison de sa provenance, est une fonte de bronze à la cire perdue, d’un seul jet, qui a été réalisée probablement en Italie du Nord dans les années 1570-1580. Il a été acquis peu après par Francois de Bonne (1546-1626), duc de Lesdiguières, qui se faisait construire au début du XVIIe siècle un château remarquable entouré de jardins à Vizille, au sud de Grenoble. La date de 1609 figurant sur la base de la sculpture, accompagnée du monogramme IRF (I pour J ; R pour Richier ; F pour fecit - a fait), semble correspondre à celle de l’installation d’une fontaine à Vizille, sous la conduite du maître fondeur Isaac Bourbonne et peut-être de l’un des petit-enfants du célèbre sculpteur lorrain Ligier Richier, Jean ou Jacob, qui furent au service de Lesdiguières. Jean Richier travailla en 1604 au dessin du tombeau du duc et son frère Jacob l’exécuta en 1613. L’Hercule, dans la première moitié du XVIIe siècle, est décrit par des visiteurs comme étant situé à gauche peu après l’entrée des jardins. Principal ornement d’une fontaine, peut-être murale, il était entouré de dragons et de serpents. Cet aménagement impressionnant évoquant sans doute la victoire sur l’Hydre de Lerne et la descente aux Enfers complétait les attributs du héros de la mythologie antique visibles sur la sculpture elle-même : la massue, symbole de sa force, ainsi que la dépouille du Lion de Némée et les pommes du jardin des Hespérides, illustrant deux autres des fameux douze travaux. Au début du XVIIIe siècle, la statue se trouvait dans la partie boisée du parc de la résidence des ducs de Lesdiguières à Grenoble. En 1719, après l’extinction de la lignée, les consuls de la cité firent l’acquisition de ce domaine urbain et d’une partie de son contenu dont l’Hercule, qui fut placé en 1740 au centre du parterre, devant l’ancien hôtel Lesdiguières dont le parc est devenu l’actuel Jardin de ville. Endommagée en 1989, la sculpture est conservée depuis au musée. Deux copies modernes en bronze sont actuellement visibles au Jardin de ville à Grenoble, l’autre au centre de la roseraie du château de Vizille, en souvenir de ses emplacements anciens. Le style de ce bronze exceptionnel, fortement inspiré par la statuaire antique, indique bien que son auteur était à la recherche d’une harmonie classique. Néanmoins, l’anatomie savante, le contrapposto subtil et la facture déliée trahissent, même de manière assagie, l’influence du courant maniériste qui dominait en Italie dans la seconde moitié du XVIe siècle.
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