Les Epoux

Giorgio DE CHIRICO
1926
60,8 x 50,2 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Don de Paul Guillaume en 1927

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Mobilisé à Ferrare pendant la guerre, De Chirico rallie son frère Savinio, Carrà et De Pisis au concept de la peinture métaphysique. Entre 1916 et 1922, peintres et écrivains se retrouvent autour de la revue Valori Plastici dans laquelle ils publient leurs études théoriques. En guise de présence humaine, De Chirico introduit le mannequin, personnage-clé de la peinture métaphysique, dans ses vues de villes désertes ou parsemées d’objets incongrus. Il transpose ainsi la réalité en s’appuyant sur le rêve et la métaphore. Cette dimension introspective et imaginaire va de pair avec le retour à la tradition et aux sources classiques, dans la manière de peindre de l’artiste comme dans son inspiration. En 1924, De Chirico revient à Paris après neuf ans passés en Italie ; ses œuvres d’esprit méditerranéen révèlent un sens lyrique original et une expression plastique nouvelle. Personnages à tête ovoïde, vêtus de toges, Les Époux sont des survivants des mannequins articulés qui apparaissent en couple dès 1915 dans la série des Muses inquiétantes. Leur univers a changé, ils appartiennent à un espace aérien et non plus à celui d’une ville dont les architectures se réduisent ici à des volumes géométriques emboîtés les uns dans les autres. Aucune mise en scène ne vient distraire ces êtres fantomatiques, seule la position de leur tête, l’une légèrement relevée, l’autre penchée en avant, exprime le mouvement. En quelques traits, tels des signes ésotériques, un graphisme des plus sommaires réussit à donner une expression à leur visage sans en altérer le caractère énigmatique. La touche fougueuse et visible, caractéristique du fa presto, est révélatrice de la sûreté et de la liberté avec lesquelles le peintre exerce son métier. Les fragments d’architectures multicolores aux faces planes et aux arêtes vives dont les personnages semblent se draper, contrastent avec les volumes tout en rondeur et le blanc nuancé de leurs têtes. Unis, mais sans lien explicite, ces personnages s’imposent par leur présence sereine et silencieuse. Qui incarnent-ils derrière leur caractère insolite ? Hector et Andromaque ? La muse et son poète ? De Chirico et Savinio ? En gardant leur mystère, ils continuent d’exercer leur pouvoir onirique.

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