Etude d'académie

Au cours de sa formation au milieu des années 1850, Fantin exécute de nombreuses académies d’après le modèle vivant selon une pratique bien établie au XIXè siècle. A cette fin, il fréquente « l’académie de Mr Lecoq [de Boisbaudran] pour le dessin d’après nature […], l’école des Beaux-Arts à l’Antiquité et à la nature. [et] En dernier lieu vers 1854 […] l’Académie suisse [et celle de] Jacques rue Lamartine ^[1]. ». Nous ignorons dans lequel de ces ateliers Fantin travailla à ce dessin. Il possède néanmoins toutes les caractéristiques attendues de l’exercice.
En professionnel, le modèle adopte une pose sans lien avec une quelconque activité de la vie quotidienne. Son intérêt réside dans le contraposto, le jeu entre un bras d’appui plié et un bras fléchi en vigie, qui sollicite l’habilité de l’artiste. Fantin-Latour s’en acquitte avec assurance. Confiant dans la justesse de son dessin, il cerne le corps d’un trait noir appuyé, qui détache encore un peu plus la figure d’un fond largement crayonné. Les ombres sont traitées à l’estompe, puis parcourues de hachures ou d’un lacis de filaments nerveux caractéristiques du style graphique de Fantin (buste, intérieur du bras gauche). L’interprétation très personnelle de l’exercice incite à dater cette feuille de la fin des années 1850, voire du début des années 1860 ^[2] car son exécution se distingue, par exemple, d’une autre académie conservée à Grenoble et datée de 1854 ^[3].
Indissociable de l’exploration systématique de la figure que mène Fantin d’après le modèle vivant à ses débuts (études de nu, mais aussi portraits et autoportraits), les académies masculines et plus généralement le nu masculin, disparaissent de son œuvre dessiné.

^[1] Lettre inédite de Fantin-Latour à Germain Hédiard, Buré (Orne), 15 août 1901 (Paris, fondation Custodia, 1987-A. 660 a).
^[2] On peut la rapprocher d’une autre académie d’homme conservée à Grenoble avec laquelle cette feuille présente bien des affinités stylistiques (MG 1473-3). L’académie MG 1473-3 a peut-être été cataloguée deux fois par Mme Fantin-Latour en 1911, une fois sous le n°2302 parmi les dessins sans date certaine, comme ce dessin, une autre fois sous le n°254, dans le chapitre des œuvres exécutées en 1864. Ce dernier classement renforcerait notre hypothèse d’une datation « tardive » pour le MG 1473-2.
^[3] MG 1473-1 .