Stella Montis - Muse de Berlioz

Henri DING
1890
97 x 37 x 46 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Achat à M. Jules Biron en 1896
Localisation :
SA19 - Salle 19

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Henri Ding présente deux marbres au Salon de Grenoble de 1890, un buste de Jean Achard et, sous le titre de Stella montis – muse de Berlioz, une jeune femme nue jouant de la harpe. Avec cette allégorie audacieuse, il évoque Estelle Duboeuf, dont le jeune Hector, âgé de douze ans, tombe follement amoureux lors de leur rencontre à Meylan. Cristallisant cette passion platonique non réciproque avec cette demoiselle de dix-huit ans, Berlioz mentionne Estelle dans ses Mémoires en l’appelant Stella del Monte ou Stella Montis (l’étoile des cimes). Il est âgé de soixante-deux ans quand il avoue sa flamme à celle qui est devenue Mme Fornier et qui ne partage pas ses sentiments. En 1864, il lui écrit : « Songez que je vous aime depuis quarante-neuf ans, que je vous ai toujours aimée depuis mon enfance, malgré les orages de toute espèce qui ont ravagé ma vie[1]. »
La statue d’Henri Ding occupe une place d’honneur au Salon, où on l’admire pour la pureté de ses lignes et la sensualité du jeune corps dénudé. La colonne de la harpe s’orne de motifs végétaux orientalisants au milieu desquels une colombe a trouvé refuge, attirée par les sons cristallins de l’instrument que Berlioz fut le premier à inclure dans un orchestre symphonique. Malheureusement, la disparition des cordes de la harpe modifie quelque peu la perception de l’oeuvre. Le sculpteur a choisi une allégorie à contrecourant des hommages habituellement rendus au génie du compositeur isérois, décédé en 1869. Ainsi, en 1885, Urbain Basset propose une très classique statue en pied du musicien tandis que les bustes se multiplient (Perraud, 1867 ; Carlier, 1885, etc.). Quelques années après la Stella montis d’Henri Ding, Pierre Rambaud, qui incarne la génération montante des sculpteurs isérois, réalise un monumental et tragique Berlioz mourant qui sera présenté au Salon en 1894, peu de temps après son décès (MG 1043).
Stella montis est acquise par Jules Biron, ingénieur, fabricant de ciment, qui la revend à la Ville de Grenoble cinq ans plus tard. La sculpture a été éditée en bronze à de nombreux exemplaires et en plusieurs dimensions par la fonderie d’art Thiébaut Frères sous le titre Femme à la harpe.


[1] Lettre d’Hector Berlioz à Estelle Fornier, 27 septembre 1864 dans Hector Berlioz, Mémoires de Hector Berlioz, membre de l’Institut de France : comprenant ses voyages en Italie, en Allemagne, en Russie et en Angleterre, 1803-1865, avec un beau portrait de l’auteur, Paris, Calmann Lévy, 1897, t. II, p. 406.

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