Nid d'amphioxus

Yves TANGUY
1936
Huile sur toile
60 x 80,7 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Don de Peggy Guggenheim en 1954, entré dans les collections en 1941.
Localisation :
SA36 - Salle 36

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Un événement décisif va conduire Yves Tanguy à la peinture : sa vision du tableau de De Chirico, L’Enfant au cerceau, exposé dans la vitrine du marchand Paul Guillaume à Paris. Cet épisode coïncide avec l’avènement du surréalisme. Avec son ami Jacques Prévert, et par l’intermédiaire de Desnos, Tanguy fait la connaissance de Masson, d’Aragon et de Breton ; dès lors il participe à toutes les grandes manifestations du groupe. Ses premières œuvres, des peintures-collages d’esprit dada, se rapprochent de celles de Picabia et de Max Ernst. Puis, à partir de 1926- 1927, il affirme une poétique très personnelle, celle d’un monde totalement inventé où des objets mystérieux flottent dans des paysages irréels. Représentative de l’œuvre de Tanguy, Nid d’amphioxus s’ouvre sur un espace indéfini qui donne néanmoins l’illusion d’une profondeur. La création de ce paysage imaginaire est le fruit d’une technique sophistiquée et parfaitement maîtrisée. Une peinture très fluide, appliquée en fines couches superposées, s’étale en bandes de couleurs fondues, plus ou moins transparentes. De là naît une lumière artificielle d’intensité variable qui efface la ligne d’horizon et interdit tout effet atmosphérique. Pas davantage que l’espace, les créatures qui le peuplent ne sont identifiables. Appartiennent-elles au règne animal, végétal ou minéral ? Posées au sol, en groupes, arrêtées dans un équilibre instable, ces figures étranges semblent issues d’un monde sous-marin ou désertique. L’évocation de l’amphioxus, un invertébré fusiforme de très petite taille qui vit caché dans le sable, accroît la dimension poétique de l’œuvre et son caractère mystérieux. Un contour net, sinueux ou en arêtes, dessine avec précision chacune de ces créatures. Modelées et mises en lumière au moyen de tons subtils et de dégradés progressifs, elles se détachent nettement du fond pour apparaître dans toute leur singularité. Aussi arbitraires que leurs ombres, d’essence « chiriquienne », leurs silhouettes aux formes abstraites sont révélatrices de l’esprit de dérision qu’entretient l’artiste face au monde réel. En 1954, Peggy Guggenheim donne ce tableau en signe de reconnaissance envers le conservateur Andry-Farcy qui abrita une partie de sa collection au musée pendant la guerre.

Un autre regard

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