La Vallée du Vénéon à Saint-Christophe-en-Oisans

Charles BERTIER
1894
200 x 320 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Achat à l'artiste en 1894
Localisation :
SA21 - Salle 21

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Charles Bertier, à l’instar de son maître Laurent Guétal (1841-1892), mise sur l’effet spectaculaire des grands formats pour émouvoir le public et le jury du Salon. En 1894, lors de sa quatrième participation à l’incontournable évènement parisien, il obtient pour La Vallée du Vénéon à Saint-Christophe-en- Oisans une médaille de troisième classe. L’oeuvre est immédiatement achetée par la Ville de Grenoble devenant, sur les cimaises du musée, le pendant naturel et légitime du Lac de l’Eychauda de Laurent Guétal.
La filiation artistique est en effet évidente. Bertier, né dans une famille de gantiers grenoblois, est entré au petit séminaire du Rondeau en 1872. Il y suit les enseignements de l’abbé Guétal et développe un goût pour la peinture de paysage. Le jeune Bertier apprend de son maître la science de la composition, conçue selon les règles mathématiques. S’inspirant de son professeur, il s’applique à rendre le caractère majestueux des lieux par l’usage de tons retenus et par l’absence de tout personnage qui renseignerait l’échelle du paysage. L’austérité et la grandeur des sites évoqués sont alors mises en valeur, rappelant la condition fragile de l’être humain face au spectacle de la nature vierge et toute puissante. Le spectateur est ainsi plongé dans une exploration quasi méditative d’un décor inhospitalier, désertique et dans lequel le minéral s’impose. Solitude et humilité semblent être les vrais sujets des tableaux de Bertier et de Guétal. Cependant, le premier donne à la montagne une apparence plus artificielle par des effets atmosphériques accentués. Il renforce le flamboiement des soleils couchants, apporte couleurs et mouvements aux nuages et approfondit les perspectives. Ce procédé visant à susciter l’émotion peut être rapproché d’une forme de « romantisme tardif » tant le résultat spectaculaire de cette oeuvre est indéniable.
Il y a en cette fin de XIXe siècle un engouement pour les peintures alpestres dont Bertier saura tirer profit. C’est ainsi qu’en 1900 la société ferroviaire PLM (Paris-Lyon-Méditerranée) lui commande une partie du décor pour le restaurant Le Train bleu de la gare de Lyon à Paris. Une grande toile marouflée au plafond offrant une vue de Grenoble depuis le quai de la Graille vient promouvoir sa ville natale dans ce lieu de vie moderne et mondain très fréquenté au tournant du XXe siècle.

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