La Vallée du Vénéon à Saint-Christophe-en-Oisans

Charles Bertier, à l’instar de son maître
Laurent Guétal (1841-1892), mise sur l’effet
spectaculaire des grands formats pour émouvoir
le public et le jury du Salon. En 1894,
lors de sa quatrième participation à l’incontournable
évènement parisien, il obtient
pour La Vallée du Vénéon à Saint-Christophe-en-
Oisans une médaille de troisième classe.
L’oeuvre est immédiatement achetée par la
Ville de Grenoble devenant, sur les cimaises
du musée, le pendant naturel et légitime du
Lac de l’Eychauda de Laurent Guétal.
La filiation artistique est en effet évidente.
Bertier, né dans une famille de gantiers
grenoblois, est entré au petit séminaire du
Rondeau en 1872. Il y suit les enseignements
de l’abbé Guétal et développe un goût pour la
peinture de paysage. Le jeune Bertier apprend
de son maître la science de la composition,
conçue selon les règles mathématiques.
S’inspirant de son professeur, il s’applique à
rendre le caractère majestueux des lieux par
l’usage de tons retenus et par l’absence de
tout personnage qui renseignerait l’échelle
du paysage. L’austérité et la grandeur des
sites évoqués sont alors mises en valeur,
rappelant la condition fragile de l’être humain
face au spectacle de la nature vierge et toute
puissante. Le spectateur est ainsi plongé
dans une exploration quasi méditative d’un
décor inhospitalier, désertique et dans lequel
le minéral s’impose. Solitude et humilité
semblent être les vrais sujets des tableaux de
Bertier et de Guétal. Cependant, le premier
donne à la montagne une apparence plus artificielle
par des effets atmosphériques accentués.
Il renforce le flamboiement des soleils
couchants, apporte couleurs et mouvements
aux nuages et approfondit les perspectives.
Ce procédé visant à susciter l’émotion peut
être rapproché d’une forme de « romantisme
tardif » tant le résultat spectaculaire de
cette oeuvre est indéniable.
Il y a en cette fin de XIXe siècle un engouement
pour les peintures alpestres dont Bertier saura
tirer profit. C’est ainsi qu’en 1900 la société
ferroviaire PLM (Paris-Lyon-Méditerranée) lui
commande une partie du décor pour le restaurant
Le Train bleu de la gare de Lyon à Paris.
Une grande toile marouflée au plafond offrant
une vue de Grenoble depuis le quai de la Graille
vient promouvoir sa ville natale dans ce lieu
de vie moderne et mondain très fréquenté au
tournant du XXe siècle.
Un autre regard
-
Les paysages dauphinois
Admiré pour sa beauté, pour sa lumière et pour la diversité de ses espaces, le paysage dauphinois est un sujet cher aux artistes régionaux.
-
Le paysage au XIXe siècle
Au XIXe siècle, la peinture de paysage prend une place considérable dans la production des peintres. Elle cherche à rompre avec l'académisme et ses règles de composition.
Découvrez également...
-
La Gardeuse de moutons
XIXe siècle -
-
Etudes de jambes et de pieds
3ème quart XIXe siècle