Les paysages dauphinois
Admiré pour sa beauté, pour sa lumière et pour la diversité de ses espaces, le paysage dauphinois est un sujet cher aux artistes régionaux.
En témoignent les tableaux de quelques grandes figures de la peinture locale au XIXe siècle qui représentent des vues de Grenoble, de la campagne environnante et des sommets alpins. Si, aujourd'hui encore, la vue de ces tableaux ravit le regard du spectateur, leur production met en exergue leurs influences, les sources d'inspiration ainsi que la vitalité de la création artistique à cette époque.
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Vue de Grenoble prise de l'ancienne Porte Saint-Laurent
Médium :
Auteur : Jean-Alexis ACHARD
Date : 1837
Dimension : 60,5 x 92 cm
Crédit : Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. LacroixDomaine public
Acquisition : Legs de Mme Gounon-Darcieux en 1891
Localisation : SA21 - Salle 21(Re)connaissez-vous ce paysage? Il s'agit de Grenoble peint par Jean Achard en 1837. Certes la ville a bien changé ! Toutefois, en adoptant le point de vue de l'artiste, depuis le quai Saint-Laurent, vous apercevez sur l'autre rive de l'Isère la Tour de l'Ile (aujourd’hui rattachée au musée) ainsi que le clocher de la Collégiale Saint-André. Le rendu de l'architecture est minutieux, le premier plan s'anime d'objets et de personnages anecdotiques tandis que l'arrière-plan, où se distingue le massif du Vercors, se fond dans un flou évanescent. Pour cette vue urbaine, Achard s'inspire des vedutistes (peintres de vues) du XVIIIe siècle. Durant sa jeunesse, il exécutera de nombreuses vues de Grenoble prises des quais l'Isère. Le sujet, très apprécié des collectionneurs, lui assurera d'ailleurs les commandes de ses premiers clients.
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Souvenir de La Grave en Oisans
Médium :
Auteur : Henri BLANC-FONTAINE
Date : 1855
Dimension : 104 x 167 cm
Crédit : Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. LacroixDomaine public
Acquisition : Achat à l'artiste en 1856
Localisation : SA20 - Salle 20Ému par la vue d'une scène d'enterrement lors de son périple en Oisans en 1853, Henri Blanc-Fontaine décide, deux ans plus tard,d'en faire le sujet de l'une de ses compositions. Dans Souvenir de La Grave, il retranscrit avec pudeur les émotions tout en signifiant son goût pour les paysages locaux qu’il arpente régulièrement. Ici, le théâtre de cette scène de genre (récit anecdotique) n'est autre que les somptueuses montagnes de l'Oisans aux sommets accidentés et aux ravines grisâtres... À croire que le sujet choisi par l'artiste n'était alors qu'un prétexte pour célébrer la beauté de ses Alpes natales! La dimension ethnographique et spirituelle de l'œuvre lui confèrent également une place importante dans l’histoire de l’art dauphinois. Pour preuve, après avoir été récompensé à l'Exposition universelle de Paris en 1855, le tableau est acquis l'année suivante par la Ville de Grenoble.
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Le Lac de l'Eychauda
Médium :
Auteur : Laurent GUÉTAL dit Abbé GUÉTAL
Date : 1886
Dimension : 182 x 262 cm
Crédit : Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. LacroixDomaine public
Acquisition : Achat à l'artiste en 1886
Localisation : SA21 - Salle 21Chef-d'œuvre de la peinture dauphinoise, Le Lac de l'Eychauda de Laurent Guétal est l'un des paysages les plus appréciés des visiteurs! Sa taille monumentale, son rendu quasi-photographique et le sentiment de plénitude qui en émane en ont fait l'emblème du paysage régional. Outre son éminente exécution, ce tableau révèle l'intérêt grandissant pour la peinture de montagne. Encouragé par la vue d'une photographie, Guétal décide en 1880 de découvrir ce site et entame l'ascension du Mont Pelvoux dans le massif des Écrins (2500 m. d'alt.). L'entreprise est longue et périlleuse car la montagne est encore peu pratiquée (fondation du Club alpin français - 1874). Mais une fois le lac atteint, après une longue contemplation...et quelques dessins, l'artiste rentre à Grenoble pour exécuter une première esquisse. Puis en 1886,il peint cette œuvre spectaculaire! Exposée et récompensée au Salon de Paris, le Lac de l'Eychauda figure également à l'Exposition universelle de Paris en 1889.
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Le chemin du Petit Séminaire - environs de Grenoble
Médium :
Auteur : Ernest Victor HAREUX
Date : 1892
Dimension : 142 x 242 cm
Crédit : Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. LacroixDomaine public
Acquisition : Achat en 1892
Achat à M. Baratier
Localisation : SA21 - Salle 21Œuvre majeure dans la production d'Ernest Hareux, Le Petit séminaire -environs de Grenoble est présentée au Salon de Paris en 1892 et aussitôt achetée par la Ville de Grenoble. Dans ce tableau, l'artiste salue la mémoire de son ami, Laurent Guétal, qui lui avait fait découvrir la peinture de montagne et la capitale des Alpes (1887). Il met également à l'honneur la campagne grenobloise avec le Petit Séminaire du Rondeau (actuel Lycée Vaucanson) - édifice au centre de la composition -où Guétal avait enseigné durant toute sa carrière. Jusqu'au décès de son ami en 1892, Hareux l'y retrouvait régulièrement. C'est donc tout naturellement qu'il se représente à ses côtés sur le chemin de ce lieu emblématique. Traité avec naturalisme, cette scène mélancolique fait aussi la part belle aux éléments naturels, tels que le sommet du Moucherotte qui se détache sur un ciel crépusculaire ou encore la plaine enneigée qui rappelle certains paysages impressionnistes.
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La Vallée du Vénéon à Saint-Christophe-en-Oisans
Médium :
Auteur : Charles BERTIER
Date : 1894
Dimension : 200 x 320 cm
Crédit : Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. LacroixDomaine public
Acquisition : Achat à l'artiste en 1894
Localisation : SA21 - Salle 21Charles Bertier, en tant que peintre de montagne, marche dans les pas de son maître Laurent Guétal. Il explore les sommets alpins et saisit de manière aussi humble que spectaculaire le caractère grandiose des massifs environnants sur des tableaux de grands formats. Profitant du développement du tourisme de montagne et malgré la concurrence de la photographie, l'artiste offre une vision "hyper" réaliste de cette vallée désertique du Vénéon à laquelle il associe quelques effets d'atmosphère. Le caractère minéral, accentué par l'emploi d'une palette exceptionnellement mesurée (bruns, beiges, bleus et blancs), de même que la facture travaillée dans une pâte généreuse révèlent tous les accidents du relief. Considérée comme le pendant naturel et légitime du Lac de l'Eychauda de Laurent Guétal, La Vallée du Vénéon à Saint-Christophe-en-Oisans de Charles Bertier atteste de la filiation artistique entre les deux maîtres du paysage dauphinois.
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Le lac Merlat et la grande Lauzière. Massif de Belledonne
Médium :
Auteur : Edouard BRUN
Date : 1901
Dimension : 97 x 146 cm
Crédit : Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. LacroixDomaine public
Acquisition : Achat à M. J.A. Biboud en 1993
Localisation : SA21 - Salle 21En 1901, Edouard Brun immortalise le massif de Belledonne. Le Lac Merlat (2044m d'alt.) fait partie des paysages de haute montagne qu'il observe et représente en tant que peintre alpiniste, membre du Club alpin français. Photographe amateur, il se sert également de ses clichés pour fixer les souvenirs de ses ascensions, qu'il accomplit régulièrement en compagnie de son ami Charles Bertier. Dans ce tableau, le sujet et la manière de Brun évoquent d'autres artistes régionaux... Saurez-vous les reconnaître? À l'instar de Guétal, son premier maître, Brun fait le choix d'un lac entouré d'un relief accidenté et désertique (cf. Le Lac de l'Eychauda). Pour son exécution, il suit les conseils de Jean Achard sur la précision du motif. Quant aux effets atmosphériques fugaces, il les tient du Lyonnais Auguste Ravier. Artiste prolifique, Brun est également illustrateur, décorateur et marchand d'art.