Détails de la Cathédrale de Toul et cheminée de Strasbourg
Trouvé dans les archives de Mme Guttin-Sappey, données au musée en 2003
Ce carnet et ces feuilles détachées ont été réalisés par le sculpteur grenoblois Victor Sappey lors de deux voyages faits à une année d’intervalle. Le premier le mène dans l’Est de la France entre juin et juillet 1838. Le second, entre août et novembre 1839, est son voyage d’Italie. Le sculpteur est alors à une période charnière, celle des premières grandes commandes publiques : Fontaine aux Éléphants de Chambéry (1835-1838), Fontaine du Lion et du serpent de Grenoble (1838-1843) et Monument au général Championnet de Valence (1839-1844). Repéré en 1823 par Nicolo Raggi, qui l’envoie travailler dans son atelier parisien[1], puis élève à l’École des beaux-arts de Paris (1825-1831), où il suit les cours de Ramey, Sappey échoue deux fois au concours du prix de Rome. C’est dans sa ville natale, Grenoble, qu’il décide alors de s’établir, devenant dans les années 1830 une figure centrale de la vie artistique locale et le premier directeur de l’École de sculpture architecturale. La bibliothèque municipale conserve une série de lettres envoyées durant ces voyages (N.3510 et N.3511) qui permettent de connaître avec une certaine précision les itinéraires empruntés, les menus incidents et les impressions recueillies. Le premier voyage le conduit à Dijon, Langres, Nancy, Strasbourg, où il « s’enthousiasme » devant la cathédrale, et jusqu’à la ville thermale de Baden. En route, il s’arrête à la fonderie de Val-d’Osne afin de constater l’avancement de la fonte des têtes d’éléphants pour Chambéry. Le voyage en Italie[2], plus long, mène d’abord Sappey à Turin, Milan, Padoue et Venise. Il est accompagné de son ami Yves Ferrand. Passant par Bologne et Florence, tous deux arrivent à Rome à la fin du mois de septembre. Ils y restent plusieurs semaines avant de rejoindre Naples, d’où ils embarquent le 29 octobre pour Marseille. Les feuilles conservées au musée de Grenoble ne concernent que la partie centrale de ce voyage, entre Padoue et l’arrivée à Florence. « Toutes mes journées [sont prises] à visiter des monuments, prendre des notes et dessiner » écrit Sappey de Milan le 19 août 1839. Le carnet de voyage est ici d’abord le carnet de travail d’un sculpteur : ni paysages, ni vues pittoresques mais des notations de détails architecturaux, de statuaire monumentale et d’art funéraire. En relation avec les commandes auxquelles il travaille alors, le sculpteur dessine aussi de nombreuses fontaines. Si les feuilles du carnet italien montrent sans surprise un intérêt pour les sculpteurs de la Renaissance, Donatello, Sansovino ou Jean de Bologne (notamment ses fontaines du Jardin Boboli), la statuaire contemporaine n’est pas absente (statues du Prato della Valle à Padoue). Le carnet du voyage dans l’Est témoigne, quant à lui, d’un goût affirmé pour l’architecture gothique.
[1] Voir Christiane Dumontier-Tissot, Catalogue des sculptures du XIXe siècle du Musée de peinture et de sculpture de Grenoble, Mémoire de maîtrise. [S.l.], 1989. / p. 507-529.
[2] Les lettres de son compagnon de voyage en Italie, Yves Ferrand (1807-1851), ont été publiées et complètent ainsi notre connaissance de cet épisode : Henri Ferrand, Deux dauphinois en Italie en 1839 d’après la correspondance de M. Yves Ferrand, Grenoble, 1918.
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