Lac en Ecosse. Après l'orage
Gustave Doré est surtout connu en France comme
illustrateur de génie. Cet artiste prolifique est
engagé dès l’âge de quinze ans pour ses caricatures
et atteint très vite une grande renommée grâce
à ses illustrations d’œuvres littéraires (La Bible,
Rabelais, Balzac, La Fontaine, Hugo, Shakespeare,
Dante…). Doré s’est cependant toujours voulu
peintre : « Je dois effacer et tuer l’illustrateur afin
que l’on ne parle de moi que comme peintre. »
À l’époque du réalisme et de l’avènement de
l’impressionnisme, il peint des paysages qui,
malgré une touche naturaliste qui les apparente
aux tableaux de Courbet ou à ceux des peintres de
Barbizon, perpétuent néanmoins une approche
romantique de la nature qui renvoie plus à l’art
tourmenté d’un Turner. Si l’œuvre picturale ne
fut guère appréciée par la critique en France, elle
rencontra le succès en Angleterre où le Salon de
1867 consacra Doré comme l’un des plus grands
artistes français.
En 1873, Doré voyage pour la première fois en
Écosse où les paysages vierges et sauvages des
Highlands, évoquant parfois les romans de Walter
Scott, le fascinent et l’inspirent. Le peintre réalise
de nombreux croquis et aquarelles sur le motif
qu’il traduit par la suite dans son atelier, se servant
de sa mémoire autant que de son imagination
pour exprimer le sentiment d’une nature à la fois
hostile et belle. Il transcrit ici la vision inquiétante
d’un site minéral austère, où les gris des roches
grumeleuses et du brouillard se confondent, où les
formes étranges de la montagne se poursuivent
dans le mouvement tourbillonnant des nuages,
où, plus inquiétant encore, un lac sombre
semble cacher quelque créature de légende.
Doré a cependant saisi le moment où, après
l’orage, les brumes se dissipent et dévoilent le
spectacle d’un paysage grandiose que la lumière
changeante recrée sans cesse, faisant apparaître
successivement un pan de montagne majestueuse,
les teintes dorées de l’herbe rase et du lichen, la
terre jaune au bord du lac, une traînée de bleu
à la surface de l’eau ou encore la silhouette des
cimes se dessinant sur une trouée de ciel bleu. Vide
de toute présence humaine, ce paysage originel
est animé par deux oiseaux solitaires qui en
accentuent la démesure et le sublime.
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Petit tour d’horizon (et de ciels) dans les collections du musée !
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Le monde est une invitation, un appel au voyage ! Depuis le XVIIe siècle, les artistes en quête d’inspiration partent découvrir d’autres pays, d’autres cultures.
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