Présentation de la Vierge au Temple

Caspar FREISINGER
fin XVIe siècle
23,8 x 17 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Don de Jean Marie Léonce Mesnard en 1874

Voir sur navigart

Szilvia Bodnár (2007) ainsi qu’Emmanuelle Brugerolles et David Guillet[1] ont fait tout récemment le point sur les dessins de cet artiste, originaire d’Ingolstadt en Bavière, et rendu à cette feuille sa juste attribution. Toute la carrière de Freisinger se déroule dans cette ville prospère. Il est curieux de constater que bien qu’il soit l’un des plus importants artistes bavarois, il n’a jamais été amené à travailler pour la cour du duc de Bavière à Munich. L’art de la capitale est dominé à l’époque par le Flamand Peter Candid (vers 1548-1628), peintre du duc Guillaume V depuis 1586.
Freisinger a probablement voyagé en Italie, même si nous ne pouvons l’affirmer avec certitude : le style de ses dessins montre qu’il connaît bien l’art italien de son époque. L’artiste semble marqué par les oeuvres des frères Zuccari, par le Parmesan ou encore par Cesare Nebbia. Il se souvient aussi, dans ses arrière-plans, des expériences de l’école du Danube et révèle, par ailleurs, une certaine familiarité avec l’art de l’école de Prague, notamment de Bartholomeus Spranger dont les élèves travaillent beaucoup en Allemagne du Sud.
En 1583, Freisinger devient citoyen d’Ingolstadt et présente son chef-d’oeuvre à la maîtrise. Il travaille beaucoup pour les églises de la ville, notamment pour les Jésuites qui y tiennent un important collège. Véritable centre de la Contre-Réforme au sud de l’Allemagne, cette école prestigieuse forme les élites du pays et aura comme élève le futur duc de Bavière, le redoutable et futur électeur Maximilien Ier.
Environ soixante-dix dessins et cinq gravures de cet artiste sont aujourd’hui connus. La feuille de Grenoble figure parmi les plus intéressantes, exécutée à la plume et rehaussée de blanc, ce qui lui confère un aspect très pictural. L’élégance des formes est remarquable, la mise en page magistrale. Le monogramme et la date suggèrent que l’oeuvre est destinée à la vente. La Présentation de la Vierge au temple fait peut-être partie d’une série dédiée à l’histoire de la Vierge [2]. Il existe un dessin aujourd’hui conservé à la Kunsthalle de Brême, le Christ faisant ses adieux à sa mère, réalisé dans la même technique, de mêmes dimensions, qui a été également exécuté en décembre 1592[3]. À juste titre, Bodnár en conclut que les dessins de Grenoble et de Brême font partie de la même commande. Une copie de cette feuille, avec des variantes, est conservée à la Staatsgalerie de Stuttgart[4], tandis qu’un autre dessin, très proche de celui de Grenoble, est apparu en janvier 2013 sur le marché de l’art parisien. Il porte la marque de collection de Bernhard Funck, à Munich, et mesure 24,5 cm sur 19. Il est plus large que la feuille grenobloise et laisse penser que cette dernière a été coupée sur la droite. Les deux dessins, conservés à Stuttgart et sur le marché de l’art parisien, sont peut-être de la même main : leur conception est plus graphique et la technique rappelle davantage l’art de Dürer et de son école.


[1] Voir cat. exp. Paris, 2012-2013.
[2] Le 10 décembre, date inscrite sur la feuille, correspond à la fête de Notre-Dame-de-Lorette.
[3] Cat. exp. Brême, 1998, p. 78, inv. no 60/195.
[4] Kaulbach, 2007, no 178 repr.

Découvrez également...