La Fourmi

Germaine RICHIER
1953
99 x 88 x 66 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Achat à Mme Françoise Guiter avec l'aide du FRAM en 1997
Localisation :
SA37 - Salle 37

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Après ses études à l’École des beaux-arts de Montpellier dans l’atelier de Guigues, ancien praticien de Rodin, Germaine Richier, née à Grans près d’Arles, s’installe à Paris en 1926 et devient l’élève de Bourdelle. À l’issue d’une période réaliste d’étude du corps humain d’après nature, qui lui vaut plusieurs prix de sculpture ainsi que ses premières expositions, Germaine Richier introduit dans son œuvre, à partir de 1940, des notes discordantes : un traitement irrégulier des surfaces – la matière est repoussée ou arrachée et conserve l’empreinte des doigts ou de l’outil – et un rendu déchiré, brisé ou déformé de certaines parties. En 1934, lors d’un voyage à Pompéi, elle avait, comme beaucoup de sculpteurs, été impressionnée par la vision des êtres pétrifiés. Les premières traces de sa préoccupation pour les thèmes de l’animalité et de la métamorphose apparaissent avec Le Crapaud (1940), représentant une femme dans la position accroupie du batracien, avec La Sauterelle (1944-1945), puis après la guerre, au cours de l’année 1946 où sa liberté de création explose, avec La Mante, L’Araignée I ou La Chauve-souris. L’hybridation humain-animal, à laquelle se mêle parfois le végétal, devient l’une des caractéristiques du monde de Germaine Richier, imprégnée de la campagne méridionale et des créatures fantastiques issues des légendes de son enfance. Figée dans une attitude qui oscille entre la défense et l’attaque et que préfigurait L’Escrimeuse de 1943, La Fourmi appartient à cette série de femmes-insectes élancées aux têtes minuscules et au corps maigre et tourmenté. La béance de la tête cache un trident, « ce trident cruel » comme l’écrira l’artiste, du gardian de sa Camargue natale et qui, dans la Tauromachie qu’elle réalise la même année que La Fourmi, occupe la place de la tête du toréador. Pour inscrire sa sculpture dans l’espace et rendre visibles les tensions et les lignes de force d’un mouvement latent, Germaine Richier a imaginé un réseau de fils reliant certaines extrémités et articulations qui, paradoxalement, ici comme dans le cas du Griffu (1952), peut évoquer les liens qui réduisent la créature à l’impuissance.

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