Life is so complex
Exaltant « le monde moderne, l’optimisme
et le soleil », le travail de Martial Raysse se
place d’emblée sous l’égide de l’esthétique
pop. Souvent considéré au début des années
60 comme le plus pop des créateurs français,
l’artiste affirme en toute provocation son credo :
« L’art actuel, c’est une fusée dans l’espace.
Les Prisunic sont les nouveaux musées d’art
moderne. » Étudiant en lettres à l’Université
de Nice, Raysse hésite un temps à se consacrer
à la littérature mais la peinture de Dubuffet et
le travail des « mauvais peintres » de la Côte
d’Azur le convainquent de se consacrer à l’art.
Dès 1959, jouant avec les archétypes de la
société de consommation, Raysse enferme des
objets dans des boîtes et colonnes en plexiglas.
L’assemblage et la combinatoire s’affirment
comme les fondements de sa démarche
artistique. Marqué par le contexte niçois, celui
de la plage et des loisirs, Raysse crée « un
monde neuf, aseptisé et pur » qu’il nomme
« hygiène de la vision », où priment la jeunesse,
l’univers domestique et l’imagerie féminine.
Il se joint en 1960 aux Nouveaux réalistes
placés sous la houlette de Pierre Restany,
dont le mot d’ordre est l’aventure de l’objet
de consommation sous toutes ses formes.
Présenté à l’exposition Dylaby d’Amsterdam en
1962, Raysse Beach, théâtre balnéaire associant
pin-up colorées et accessoires de plage, lui vaut
une reconnaissance internationale, notamment
aux États-Unis où il exposera régulièrement
jusqu’en 1968.
La série des Tableaux à géométrie variable
à laquelle appartient Life is so complex
marque une césure dans son œuvre, un
affranchissement vis-à-vis de l’esthétique
bariolée du Pop art. Extrait d’un magazine de
mode ou d’une publicité, le visage standardisé
d’une icône sexy apparaît décomposé sur
douze plaques de plexiglas rectangulaires.
Ici, un œil en amande cerné de noir, là une
bouche idéale peinte en rouge, plus loin l’ovale
parfait d’un visage. L’image d’esprit pop n’est
pas sans rappeler les femmes pulpeuses et
étrangement anonymes de Tom Wesselmann,
mais elle est comme colonisée par l’esthétique
minimale : modules, permutations et goût de
l’épure. Raysse affirme vouloir « créer [ses]
propres objets préfabriqués, [ses] prototypes,
afin de substituer aux clichés sociaux [ses]
clichés personnels ». Le titre évoque un slogan
publicitaire tandis que le plexiglas et la peinture
à l’aérographe rappellent le goût de Raysse pour
les enseignes et le néon. On est ici très loin des
premières compositions enjouées de l’artiste.
Avec ses peintures-puzzles aux configurations
aléatoires, Raysse interroge nos existences
hétérogènes, notre vision kaléidoscopique.
Tendant à l’abstraction, les « Formes en liberté »
achèvent le revirement de l’artiste, qui, retiré
dans le midi de la France, revient à une peinture
plus traditionnelle au début des années 70.
Un autre regard
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Peinture figurative de 1960 à 2000
La tradition veut que la peinture soit « figurative » lorsqu’elle permet de reconnaître une certaine réalité.
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