Jackie
Figure majeure du Pop art américain, Andy
Warhol est désormais considéré comme
l’un des plus grands artistes de la deuxième
moitié du XXe siècle. Né à Pittsburgh, fils
d’émigrés tchèques, Andrew Warhola est
fasciné dès son enfance par le monde des
stars hollywoodiennes. En 1949, date de
son installation à New York, il supprime
la dernière lettre de son patronyme et ne
tarde pas à s’imposer comme dessinateur
publicitaire. Il réalise ses premières toiles en
1960 en empruntant ses sujets à l’imagerie
populaire : bandes dessinées, à l’instar de Roy
Lichtenstein, ou agrandissements d’étiquettes
de produits familiers. Encore expressionnistes
dans le traitement de leurs surfaces, ses toiles
vont rapidement faire place à une manière
plus contrôlée. Les compositions adoptent
un aspect sériel, comme dans les Boîtes de
soupes Campbell ou les Bouteilles de Coca-Cola.
Enfin, bien que Warhol ait expérimenté cette
technique dès 1961, ce n’est qu’à partir d’août
1962 qu’il adopte définitivement un procédé
mécanique d’application sérigraphique sur
toile qui va lui permettre l’élaboration de
séries, dont le même motif est répété plusieurs
fois, à partir de photographies glanées dans la
presse à grande diffusion. Se succèdent alors les
séries consacrées aux stars de cinéma (Marilyn,
Liz, Elvis), aux désastres (Suicide, Accident de
voiture, Empoisonnement), aux faits de société
(Bombe atomique, Chaise électrique, Émeute
raciale)… La période initiale de son œuvre
peinte s’achève brutalement le 3 juin 1968
lorsque Valerie Solanas tente de l’assassiner
à coups de revolver. Il en réchappe de justesse,
mais de manière hautement symbolique, cet
événement dramatique clôt la première partie
de sa carrière.
La série consacrée à Jackie Kennedy, que
l’artiste a développée dans les semaines qui
suivirent l’assassinat du président John
Fitzgerald Kennedy (le 22 novembre 1963),
s’appuie sur les deux temps de l’événement :
avant et après le drame. Avant, c’est l’image
rayonnante de Jackie arrivant à Dallas, vêtue
de son célèbre tailleur rose. Après, c’est Jackie
en deuil durant la cérémonie des funérailles.
Plus encore que l’image de l’épouse endeuillée,
c’est celle de Jackie souriante qui a valeur de
symbole ici. À l’instar des portraits de Marilyn,
Warhol crée une forme de vanité moderne où
l’on peut lire, par-delà la beauté, la gloire ou le
bonheur, les naufrages et les drames à venir.
Un autre regard
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Peinture figurative de 1960 à 2000
La tradition veut que la peinture soit « figurative » lorsqu’elle permet de reconnaître une certaine réalité.