Saint Jérôme pénitent
Dit aussi Saint Jérôme à l'auréole
Ressources
Dans ce siècle d’or de la peinture qu’est le XVIIe siècle, qui compte nombre de génies, Georges de La Tour occupe une place de choix, tant par la qualité plastique de ses œuvres que par l’intensité spirituelle dont elles témoignent. Saint Jérôme pénitent, qui provient de l’abbaye de Saint-Antoine-en-Viennois, est l’une de ses compositions les plus admirables et un chef-d’œuvre insigne du musée de Grenoble. Et pourtant… célèbre en son temps – il fut nommé peintre ordinaire du roi Louis XIII –, son nom sombra dans l’oubli durant plus de deux cents ans avant d’être redécouvert par l’historien de l’art Hermann Voss au début du XXe siècle. D’abord identifié par ses nocturnes, les tableaux les plus proches de l’esthétique caravagesque, il fut associé ensuite à des œuvres diurnes qui donnèrent de lui une image plus complexe et singulière. Appartenant à cette seconde catégorie, Saint Jérôme pénitent représente le traducteur de la Bible en latin, la Vulgate, en anachorète en train de se flageller. La composition, par son austérité, son réalisme sans concession, mais aussi par son audace, constitue en soi un portrait psychologique du saint. Dans un univers minéral, sous une lumière lunaire, saint Jérôme apparaît vu de trois-quarts, un genou à terre, dans une attitude d’équilibre instable qu’accuse un sol relevé à l’extrême. Ce parti pris spatial accroît la monumentalité de la figure qui occupe la quasi-totalité de l’espace et confère au saint une présence impressionnante. Impressionnant aussi est ce corps d’homme âgé, quasiment nu, décrit par le peintre avec un soin minutieux, qui s’offre au regard dans sa troublante vérité. Car là est bien le sujet de cette œuvre : montrer l’homme tel un Ecce Homo, dépouillé de tous ses attributs et artifices, seul face à son Dieu comme à l’heure du Jugement. Les exercices pénitentiels, pour ce Père de l’église, constituent autant d’actes d’humilité face à un intellect toujours prompt à relativiser l’omnipotence divine et le don de la croix. Chef-d’œuvre de spiritualité, ce tableau est aussi un chef-d’œuvre d’ascétisme, avec sa monochromie froide, restreinte au gris perle du fond et à l’ocre pâle des chairs que seul le rouge orangé du manteau vient réchauffer. Œuvre méditative et de méditation, elle touche au plus profond de la condition humaine et, ce faisant, acquiert une résonance universelle.
Un autre regard
-
-
France / XVIIe siècle
Au moment où l'Europe entre en pleine période de Contre Réforme, les tableaux religieux deviennent des supports de dévotion, mais aussi de persuasion.