La Crucifixion de saint André
Neveu et élève de Jean Jouvenet (1644-1717), Jean Restout s’affirme comme l’un des peintres les plus originaux de sa génération. Dotés d’une charge émotionnelle puissante, ses grands tableaux d’église ont fait sa gloire, bien que son art ait été peu imité. Le Martyre de saint André a été peint en 1749 pour la collégiale Saint- André de Grenoble. Fondé sur le croisement des diagonales, l’agencement des personnages s’ordonne autour du saint placé au centre de la toile, sur une croix en X. Sur la droite, un prêtre portant une idole veille à l’exécution du martyr. Un dessin préparatoire conservé au séminaire d’Issy-les-Moulineaux permet de connaître l’une des étapes de la pensée plastique du peintre. Plus dense et confuse dans le projet, la composition a gagné en clarté lors de sa réalisation définitive. Les différents personnages, leurs gestes et leurs attitudes s’enchaînent avec aisance autour des deux diagonales. La profondeur est soulignée par l’échelle projetée vers l’avant et la convergence des regards sur saint André. Avec un sens extrême de l’économie, Restout restreint sa palette à des bruns et des gris d’une grande variété de nuances, complétés de verts et de bleus assez doux. La nature morte d’outils au premier plan et le système de poulies aménagé pour hisser le corps du supplicié rappellent le goût de Restout pour les notations réalistes ou de simples objets. Les attitudes complexes et mouvementées ainsi que le rendu de la lumière dans un ciel d’orage confèrent à cette œuvre une composante baroque. Inscrit dans la filiation de la_ Descente de croix_ de Jouvenet peinte en 1697 pour l’église des Capucines de Paris, ce tableau est assurément l’un des chefs-d’œuvre de la peinture religieuse au XVIIIe siècle.
Un autre regard
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La collection XVIIIe siècle
La collection de peintures du XVIIIe siècle comporte essentiellement des œuvres françaises, mais également un bel ensemble de peintures italiennes.