Portrait de Jean Pietersz van den Eeckhout, père de l'artiste

Gerbrand VAN DEN EECKHOUT
1644
Huile sur bois
76 x 57,5 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Achat par la Ville à M.Henry en 1825
Localisation :
SA06 - Salle 06

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La qualité de ce tableau, qui associe justesse du portrait, sobriété et raffinement, émerveilla Rembrandt auprès duquel Gerbrand van den Eeckhout fit son apprentissage de 1635 à 1645. Les dix années passées dans l’atelier du maître d’Amsterdam marquèrent profondément l’art de Van den Eeckhout, tant dans ses sujets religieux que dans ses portraits. L’artiste sut combiner l’art du clair-obscur rembranesque avec l’ajout d’éléments somptueux rendus avec minutie dans le goût de l’art du portrait flamand. Le père de l’artiste est représenté de trois-quarts, à mi-corps, la main droite appuyée sur un encadrement de fenêtre. Cette formule du cadre en trompe-l’oeil fut reprise par Rembrandt aux artistes de la Renaissance italienne et connut un grand succès : elle ajoute à la véracité du personnage tout en le théâtralisant. Le modèle, en habit et chapeau noirs, semble émerger d’une niche sombre, la lumière éclairant essentiellement la main droite et le visage, lui-même souligné par une magnifique fraise à plusieurs rangs de fronces bordées de dentelle, seul élément décoratif toléré dans l’austérité du costume protestant. L’élégance du père de l’artiste, orfèvre d’Amsterdam, apparaît également dans la présence des gants, dont la teinte vert foncé trouve un écho dans le somptueux rideau vert aux reflets jaunes. L’artiste a traité la main et le visage avec un grand sens du détail caractéristique de l’art flamand : boursouflures, plis, couleurs des veines d’une main d’artisan qui a travaillé une vie durant ; rides du front, cernes autour des yeux, barbe grisonnante d’un visage marqué par l’âge. Le peintre a su rendre la complexité et le mystère du regard, mélange de dignité, de calme et d’inquiétude. L’interrogation de l’homme qui fixe le spectateur est relayée par le détail en trompe-l’oeil du clou fiché dans le bois de la fenêtre : celui-ci évoque la crucifixion, la question de la mort et de la résurrection, thème courant dans les vanités au XVIIe siècle. Un autre tableau de Van den Eeckhout, plus tardif, le Portrait d’un haut fonctionnaire de la compagnie des Indes orientales, fait également partie de la collection du musée.

Un autre regard

  • Fraise, corset et manches bouffantes

    Les collections du musée ne permettent pas de faire une histoire complète du costume. Mais, dans un monde d’images muettes, le vêtement fait partie de ces détails qui disent beaucoup.

  • Flandres et Hollande - XVIIe

    Au tournant du XVIIe siècle, après la révolte contre la domination espagnole et la création des Provinces Unies, les Pays-Bas sont séparés en deux entités, opposées par la religion et le modèle politique.

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