Vue de Saint-Laurent-hors-les-murs à Rome

Charles PERCIER
XIXe siècle
10,4 x 16,4 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Mode et date d'entrée inconnus (probablement collection Mesnard)

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Architecte dont le nom est indissociable de celui de son ami et partenaire professionnel Pierre Fontaine, Charles Percier occupe dans leur association le rôle de concepteur et de dessinateur quand Fontaine assume la charge d’architecte bâtisseur et de comptable. Ensemble ils mettent en œuvre les principaux chantiers de Napoléon en matière d’architecture et de décoration : construction de l’arc de triomphe du Carrousel, rénovation des anciens palais royaux, aménagement du Louvre, conception de décors de fêtes et projets d’ameublement, créant pour lui le style Empire. D’origine modeste, Charles Percier doit sa première éducation artistique à l’École gratuite de dessin avant d’intégrer l’atelier d’Antoine François Peyre où il se prépare au difficile concours de l’Académie royale d’architecture. Il obtient le Premier Grand Prix en 1786 et part pour cinq années à Rome comme pensionnaire de l’Académie de France, alors logée au Palais Mancini. Durant son séjour, il se lie d’amitié avec Jean Germain Drouais [1] avec qui il explore la ville et ses alentours à la découverte des vestiges antiques, mais aussi des églises du Moyen Âge et des villas de la Renaissance au XVIIIe siècle. Il rapporte de ses explorations un nombre considérable des dessins aujourd’hui conservés à l’Institut de France dans cinq recueils[2]. Ces notations plus ou moins poussées, au crayon graphite léger rehaussé de lavis d’encre brune ou d’encre grise (encre de Chine), s’attachent à la description des édifices remarquables comme aux détails de leur décoration intérieure. Quelques dessins plus aboutis ont été rehaussés d’aquarelle, d’autres comportent des indications de couleurs en vue d’une finition ultérieure. Dans une lettre adressée en italien à son ami Antonio Canova et probablement écrite vers 1811, Charles Percier évoque le « grand nombre de dessins faits d’après les monuments et les fabriques de cette ville », ajoutant : « Chaque soir, avant d’aller me coucher, je mettais deux heures pour les terminer[3]. » La petite aquarelle du musée de Grenoble, représentant l’église Saint-Laurent-hors-les-murs, appartient à la catégorie des dessins plus finis, où le trait précis de plume et d’encre brune met en place la structure architecturale quand le lavis d’encre et l’aquarelle soulignent les ombres, donnent la matière des murs et des toitures, campent la végétation et rendent la transparence du ciel. Dans ses études sur le motif réalisées entre 1786 et 1791 [4], Charles Percier consacre plusieurs feuilles à cette église médiévale, édifiée entre le IVe et le XIIIe siècle sur le site présumé du martyre de saint Laurent, la façade d’abord – très proche de notre dessin mais dans une vue plus rapprochée –, mais aussi le plan, des vues intérieures, des études de chapiteaux ou encore les motifs décoratifs de la chaire à prêcher. La feuille de Grenoble pourrait avoir été réalisée durant son séjour à Rome, ou être mise au net à son retour et offerte à l’un de ses proches. On ignore comment elle est entrée au musée de Grenoble, car son mode et sa date d’acquisition sont à ce jour inconnus, mais elle provient très vraisemblablement de la collection de Léonce Mesnard.


[1] Jean Germain Drouais meurt en 1788. « Sans Drouais, perdu au milieu de Rome, j’aurais peut-être été perdu pour moi-même ; avec Drouais, je me retrouvai dans Rome tout ce que j’étais, et c’est à lui que je dois d’avoir connu Rome tout entière, en devenant moi-même tout ce que je pouvais être. » Propos de Charles Percier rapportés par Raoul- Rochette dans la Revue des Deux Mondes, t. 24, 1840.
[2] Mss. 1006-1007 : « Dessins et croquis faits dans l’intérieur de Rome », Ms. 1008 : « Croquis faits hors des murs de Rome », Ms. 1009 : « Croquis faits hors des murs de Rome et aux environs, sur la route de Naples et à Naples », Ms. 1010 : « Croquis et dessins faits pendant le voyage de Rome à Paris » et Ms. 1011 : « Croquis du Vatican ».
[3] Cit. dans Jean-Philippe Garic (dir.), Charles Percier (17964-1838), Architecture et design, cat. exp., [New York, Bard Graduate Center Gallery, Château de Fontainebleau], Paris, Réunion des musées nationaux, 2016, p. 71.
[4] Conservées à la bibliothèque de l’Institut de France sous le n° Ms. 1009.

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