On donne du grain aux poules
[Cartel de l’exposition De Picasso à Warhol - Une décennie d’acquisitions, musée de Grenoble, 7 mai- 31 août 2015]
Dès ses débuts, dans les années 1960,
Sigmar Polke adopte le système de la trame
photographique. Ces œuvres, en noir et
blanc, répondent de façon « artisanale » et
ironique au Pop Art. Polke multiplie les toiles
de ce type dans les années 60 avant d’en
peindre de rares exemples dans les années 80. Ces œuvres sont alors des constats
sarcastiques sur la société contemporaine.
Avec On donne du grain aux poules, le caractère
anodin de ces peintures en noir et blanc est
redoublé par l’insignifiance de l’image retenue
par l’artiste. L’œuvre fait allusion à la psychose
planétaire liée à la grippe aviaire. Elle engage plus
largement une réflexion sur la peinture et l’état
du monde actuel. Le grain, qui est aussi point,
devient le symbole d’une réalité instable, où il est
de plus en plus difficile de distinguer le bon grain
de l’ivraie, l’image angélique du scénario
démoniaque.
On donne du grain aux poules permet de combler une lacune importante dans les collections d’art contemporain du musée de Grenoble. Elle renforce aussi de manière significative son ensemble d’art allemand. Elle vient enfin compléter le groupe de peintures de l’artiste conservé dans les collections publiques françaises avec un tableau qui n’a pas son équivalent.