Etude de six mains, de trois têtes et d'un pied

Francesco Trevisani est un peintre formé à
Venise dans l’atelier d’Antonio Zanchi d’Este
et de Joseph Heintz le Jeune. Il s’installe à
Rome en 1677-1678, où il vit jusqu’à sa mort
en 1746. Grâce à la protection du cardinal
Pietro Ottoboni qui fait de lui son premier
peintre, il obtient ses premières commandes et
est introduit dans l’Accademia dell’Arcadia.
C’est avec les peintures de la chapelle de la
Crucifixion, dans l’église de San Silvestro in
Capite, réalisées en 1695-1696, qu’il acquiert
une position clé sur la scène artistique
romaine. Ses dessins ont fait l’objet d’études
ponctuelles mais peu approfondies.
Le dessin de Grenoble est une feuille d’études
juxtaposant divers éléments. Des feuilles,
comparables stylistiquement et typologiquement
parlant, sont notamment conservées aux
Offices à Florence. Malheureusement, il est
assez difficile de les mettre en rapport avec des
détails appartenant à des compositions peintes.
Seules peut-être la tête masculine, vue de profil
en haut au centre droit, et la tête féminine, vue
également de profil en haut à droite, peuvent
être confrontées à des figures peintes. Mais cette
confrontation ne signifie pas pour autant que
ces têtes ont été dessinées pour servir directement
à ces peintures. Ces figures se trouvent,
pour la première, dans un tableau représentant
Saint François recevant les stigmates, commandé
pour l’église romaine delle Stimmate en 1715
(mais on retrouve le même type de visage sur
un tableau bien antérieur représentant le
Martyre de saint André, peint pour l’église
romaine de Sant’Andrea delle Fratte vers 1707
– il s’agit bien entendu du visage du saint), et
pour la deuxième, dans un tableau représentant
la Bienheureuse Lucie de Narni enfant recevant
des mains de la Vierge l’Enfant Jésus datant de
1715 (cathédrale de Narni). La tête de saint François d’Assise (et donc également de saint
André) et celle de la Bienheureuse Lucie de
Narni présentent de notables points communs
physionomiques. Un dessin en particulier peut
d’ailleurs être rapproché du profil masculin : il
étudie un modèle comparable[1]. Mais le lien avec
le tableau de l’église delle Stimmate est bien
plus évident, d’autant plus que la main dessinée
à proximité correspond à la main gauche du
saint. Quant aux autres éléments dessinés, nous
n’avons pu les mettre en correspondance avec
des tableaux avérés du peintre. On peut simplement
dire que la main dessinée en haut à
gauche appartient vraisemblablement à une
figure mariale ou à une sainte, tandis que celle
reposant sur un globe est à relier à une composition
religieuse montrant Dieu le Père.
Une question se pose néanmoins, même si
aucun élément peint ne peut être mis en rapport
avec certitude : Est-ce que ceux-ci ont été tracés
en vue d’une seule et même peinture ? Cette
interrogation surgit lorsqu’on confronte par
exemple la main féminine tenant un éventail
ouvert, qui semble plutôt relever d’un tableau
profane, avec la main reposant sur un globe, qui
incontestablement appartient à un tableau
représentant une histoire sacrée.
[1] Passé en vente chez Christie’s New York, le 10 janvier 1996, lot 66.
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