Saint Dominique présente au Christ les saints de l'Ordre dominicain

Après des années de formation dans l’atelier de Pierre de Sève, la carrière de Nicolas Colombel commence véritablement à Rome où il arrive âgé d’une trentaine d’années. Jusqu’en 1691 il évolue au sein de la communauté française en gardant un contact étroit avec ses commanditaires en France, notamment Nicolas Prunier de Saint- André auquel on doit Saint Dominique présente au Christ les saints de l’Ordre des Dominicains destiné à l’église des Jacobins de Grenoble. À son retour à Paris, alors âgé de 49 ans, il est reçu à l’Académie Royale de Peinture, devient professeur et décore à la demande de Louis XIV plusieurs appartements du château de Versailles. De son œuvre on retient une volonté de se rapprocher de son modèle, Nicolas Poussin, qui comme lui témoignait d’un goût marqué pour Raphaël. Partagé entre ses amours pour le classicisme français et l’art de ses contemporains romains tel que Carlo Maratta, Colombel présente dans ce tableau les saints et saintes de l’ordre vêtus de l’habit conventuel, à l’exception du pape Pie V qui ne sera canonisé que vingt-six ans après la réalisation de cette peinture. Dominant les armoiries du commanditaire à droite de la composition, sainte Catherine de Sienne couronnée d’épines et sainte Rose de Lima aux pieds fleuris de roses portent leur regard vers le Christ en majesté entouré de putti. Du sommet du tableau vers la tête du pape se dessine une diagonale qui passe par saint Dominique, lequel invite par un geste d’ouverture à porter le regard vers ses frères et sœurs. Cette présentation construite comme une ascension affirme ainsi le caractère particulier des destinées de ceux qui ont choisi l’ordre des Dominicains, parmi lesquels saint Thomas d’Aquin que l’on voit la plume à la main. L’heureuse juxtaposition des coloris qui jouent habilement avec les ombres des drapés et le rendu lumineux des volumes contribue à donner à l’ensemble une intensité qui confirme Colombel comme un artiste riche et complexe.