Apollon et Daphné

Louis de BOULLOGNE dit BOULLOGNE LE JEUNE
XVIIe siècle
26,4 x 34,2 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Legs de Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (dessins devant être exposés sur des cadres tournant autour d'un pivot, n°88).

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Entré dans les collections sous une attribution à François Lemoyne, le dessin a été rendu à Louis de Boullogne par Patricia Corbett (1983) et publié par la suite par Hélène Guicharnaud et Antoine Schnapper en 1986 .
Depuis sa publication en 1907 puis en 1909, accompagnée d’une reproduction, dans l’ouvrage financé par le général de Beylié et consacré aux collections du musée, ce dessin a longtemps été l’une des rares feuilles célèbres du cabinet des dessins de Grenoble. De ce fait, l’œuvre, comme quelques autres feuilles importantes de la collection (La Hyre, Fragonard), a souffert d’une exposition trop longue à la lumière qui en a fortement décoloré le papier bleu.
La célèbre scène des* Métamorphoses* d’Ovide connaît une vogue particulièrement importante à la fin du règne de Louis XIV. Le sujet, régulièrement représenté par les contemporains de Boullogne, trouvait aussi un modèle prestigieux dans la collection du roi avec l’Apollon et Daphné de Carlo Maratta, aujourd’hui conservé au musée de Bruxelles.
Nous pouvons aujourd’hui relier le dessin de Grenoble à trois autres études illustrant ce sujet. La première (coll. part[1]) est également la plus esquissée. Si l’idée générale de notre feuille s’y retrouve, les variantes entre les deux œuvres sont nombreuses. La différence la plus notable est l’inversion du sens de la course pour les personnages d’Apollon et Daphné. Les personnages annexes de l’épisode ont également une autre disposition, comme le groupe repoussoir des nymphes aux extrémités de la composition. Alors qu’à Grenoble, le père de Daphné, le dieu fleuve Penée, est placé de dos, à droite, dans l’esquisse il est de face et placé à gauche. Cette première composition est détaillée dans une feuille très achevée apparue sur le marché de l’art en 1990[2] , et se retrouve partiellement adaptée avec un format circulaire dans un dessin conservé au Louvre[3] .
Nous ne connaissons encore aucune peinture de Boullogne en rapport avec ces dessins. De ce fait, nous ne pouvons avancer avec certitude si les quatre dessins sont les différentes étapes de l’élaboration de la même toile ou si le peintre a exécuté plusieurs œuvres sur ce sujet en modifiant à chaque fois quelques éléments de la composition[4] .
Au point de vue technique, nous retrouvons pleinement, dans le dessin de Grenoble, le goût particulier de Boullogne pour les rehauts de blancs dont l’abondant usage fait vibrer l’image et suggère les volumes et le mouvement. Comme en témoignent de nombreuses autres feuilles de l’artiste, l’effet général devait être à l’origine bien plus éclatant avant que la lumière ne flétrisse la couleur bleue du papier.


[1] Pierre noire et rehauts de craie blanche. Coll. part, Paris.
[2] Pierre noire, lavis d’encre de Chine et gouache blanche sur papier bleu, H. 25.8 ; L. 33, coll. part (anciennement galerie Patrick Perrin : cf. cat. Dessins de maîtres. IV. De Callot à Tiepolo, Paris, 1990, n° 7). Passé en vente la même année : Christie’s New York, 10 janvier 1990, n° 118 (L. de Boullogne). D’après la photographie, le dessin, qui portait une ancienne inscription N. Pouissan, nous semble d’une exécution assez sèche.
[3] Pierre noire et rehaut de craie blanche sur papier bleu. H. 26 ; L. 26, Inv. 24901.
[4] En 2010, est apparue en vente publique, une version peinte de l’Apollon et Daphné. H/T, 58 ; 69 cm, vente Marseille, Leclere, 19 juin 2010, lot n° 8 (attribué à Bon de Boullogne). Ce tableau reprend très directement certains éléments du dessin de Grenoble mais de façon plus simplifiée. D’après la reproduction, l’œuvre nous semble de qualité insuffisante pour être originale. Il s’agit probablement d’une interprétation d’après un original perdu de Louis de Boullogne.

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