Portrait d'un artiste

Originaire de Dordrecht, Ary Scheffer quitte la Hollande très jeune et fait ses études à l’école des beaux-arts de Paris où il intègre l’atelier de Guérin. Il se lie avec Géricault et débute au Salon dès 1812, mais ce sont les Salons de 1824 et 1827 qui le consacrent aux yeux du public comme l’une des principales figures du romantisme. Professeur de dessin des enfants du duc d’Orléans, futur Louis-Philippe, dont il exécute le portrait, il jouit sous la Monarchie de Juillet d’une célébrité croissante en raison des commandes passées par la famille royale. Il participe notamment, à partir de 1833, à la création de la Galerie des Batailles du musée historique de Versailles. Portraitiste accompli, il réalise de nombreuses effigies d’hommes politiques, de Talleyrand à La Fayette, d’écrivains, comme Lamartine ou Dickens, de musiciens, comme Liszt ou Chopin. En 1830, Ary Scheffer réalise l’un de ses plus remarquables portraits, celui d’un peintre posant en tenue de travail, la main droite sur la hanche, regardant fixement devant lui. À l’exception du porte-mine, du châssis et de la palette qui indiquent l’activité du sujet, toute l’attention est savamment dirigée sur le peintre dont la silhouette se détache sur un fond sombre. L’ample vêtement d’intérieur au rouge intense, le foulard noué autour du cou avec souplesse, d’un rouge rosé, enfin le col blanc rehaussant l’ensemble conduisent l’œil vers le visage dont la pâleur est amplifiée par l’éclairage frontal et les bruns de l’arrière-plan. La touche libre et épaisse devient précise et plus délicate pour aborder la physionomie et rendre l’intériorité du modèle. Derrière les fines lunettes, le regard exprime une profonde gravité teintée d’une certaine rêverie. La mèche de cheveux rebelle mais toute d’élégance et l’allure un peu bohème du personnage, à l’expression à la fois inquiète et pénétrante, font de ce tableau un portrait emblématique de l’artiste romantique et un exemple magistral du talent d’Ary Scheffer à saisir la psychologie de ses modèles.
Un autre regard
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Fraise, corset et manches bouffantes
Les collections du musée ne permettent pas de faire une histoire complète du costume. Mais, dans un monde d’images muettes, le vêtement fait partie de ces détails qui disent beaucoup.
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Le portrait au XIXe siècle
Le genre du portrait est particulièrement florissant dans l’art français au XIXe siècle. Les commanditaires changent et les artistes gagnent en indépendance.
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