Moïse sauvé des eaux

Victor François CHAPPUY
1879
93 x 53 x 72 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Achat à l'artiste en 1880
Localisation :
SA18 - Salle 18

Voir sur navigart

Victor Chappuy, peu reconnu en son temps, fait pourtant partie des sculpteurs de grand mérite. Formé auprès de Victor Sappey à l’école de sculpture architecturale de Grenoble, Chappuy quitte sa ville natale en 1852 pour entrer à l’École des beaux-arts de Paris. Armand Toussaint (1806-1862) et David d’Angers (1788-1856) lui enseignent successivement les rudiments de la sculpture. Bien qu’il fasse le choix de la capitale, Chappuy conserve un lien indéfectible avec la ville de Grenoble où il envoie ses premières oeuvres au Salon de 1853. Quatre ans plus tard, il débute au Salon de Paris avec Dénicheur d’écureuils. Les critiques positives lui laissent présager un avenir serein. Mais il n’en est rien. En proie à de nombreuses difficultés financières, le sculpteur sollicite régulièrement l’achat de ses oeuvres par les autorités. En 1879, après avoir essuyé un refus auprès de l’État pour l’achat de Moïse, Chappuy se tourne vers la municipalité grenobloise. Malgré un avis favorable rendu par Alexandre Michal-Ladichère, président du conseil général de l’Isère, et Alexandre Debelle, conservateur du musée, l’oeuvre tarde à rejoindre les collections. La vente actée en 1880, Moïse prend place dans l’une des salles du musée, à côté des sculptures d’Urbain Basset et d’Aimé Irvoy, principaux concurrents de Chappuy. Ce marbre retrace l’épisode biblique de Moïse sauvé des eaux. Alors que Ramsès II avait promis la mort de tous les enfants mâles des Hébreux, une mère tente d’épargner son fils en le déposant dans une corbeille sur le Nil. Quelques mètres plus loin, la fille du pharaon découvre le nourrisson sur la rive et le recueille. Elle l’appellera Moïse, qui signifie « sauvé des eaux ». La sculpture de Chappuy évoque l’instant où la princesse se saisit de l’enfant. L’échange pénétrant des regards insiste sur le lien qui les unit désormais, tandis que la blancheur du marbre lisse exalte la pureté de cette rencontre. Exécutés dans un grand réalisme, les corps nus dégagent une parfaite harmonie qui ne déprécie en rien le soin apporté aux détails. En effet, le traitement de la coiffure de la jeune femme impressionne par sa finesse et sa régularité. S’il a pu s’inspirer du Moïse sauvé des eaux de Jules Allasseur (1818-1903) – lui aussi élève de David d’Angers –, exposé au Salon de Paris en 1859, Chappuy s’en éloigne formellement en abandonnant l’usage des drapés et en rapprochant les deux figures dans un esprit de communion charnelle.

Découvrez également...