Les Normands

[Cartels de l’exposition Hommage à Andry-Farcy. Un conservateur d'avant-garde 1919-1949, musée de Grenoble, 26 juin - 24 novembre 2019]
Formé à l’École centrale impériale d’art industriel Stroganov
à Moscou puis à l’Académie impériale des arts de Saint-
Pétersbourg. Vassily Schoukhaeff s’installe à Paris en 1921
et ouvre un atelier à Montparnasse où se côtoient les artistes
russes exilés. Parallèlement à sa carrière de peintre, il produit
plusieurs décors de théâtre et des illustrations pour la
collection « Les auteurs classiques russes » de La Pléiade.
Vassily Schoukhaeff passe l’été 1923 en Normandie, qui lui
inspire probablement cinq ans plus tard l’étonnante toile Les
Normands. Sur fond d’une imposante coque de bateau, les
personnages fixent un point en dehors de la toile qui reste
inconnu du spectateur. L’acné rosacée (rhinophyma) du
personnage de droite évoque celle du Portrait d’un vieillard et
d’un jeune garçon de Domenico Ghirlandaio (musée du Louvre,
vers 1490).
Si les motivations d’Andry-Farcy pour l’achat de cette oeuvre
restent inconnues, Les Normands constitue un témoignage
singulier des productions parisiano-russes des années 1920.
"Les écoles internationales sous Andry-Farcy"
Si le Musée du Jeu de Paume à Paris, ouvert de 1922 à 1939, est dédié aux « écoles étrangères contemporaines », la politique volontariste de Grenoble en faveur des créateurs originaires de pays étrangers fait figure d’exception dans le reste du paysage institutionnel français. Andry-Farcy s’intéresse notamment aux réalismes pluriels qui se développent dans la capitale. Les brésiliens installés en France, figures du mouvement de l’anthropophagie, Tarsila do Amaral et Vicente Do Rego Monteiro, font leur entrée au musée en 1928. La scène slave exilée, à laquelle Andry-Farcy voulait consacrer une galerie au même titre que les artistes belges, italiens et allemands, est aussi particulièrement bien représentée, des plus célèbres Marc Chagall et Chaïm Soutine à des figures aujourd’hui méconnues, comme les russes Vassily Schoukhaeff ou le polonais Josef Tadeusz Makowski.
Cette entreprise d’ouverture, d’autant plus courageuse dans un contexte de montée en puissance des nationalismes, sera reprochée à Andry-Farcy par la presse locale conservatrice qui le fustige de ne pas se concentrer sur les artistes dauphinois, critique qui sera reprise sous le régime de Vichy et comptera certainement dans son arrestation par la Gestapo.
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