Autoportrait

Edouard d' APVRIL
XIXe siècle
131 x 89 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Don de Mme Coste, fille de l'artiste, en 1946
Localisation :
SA20 - Salle 20

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Édouard d’Apvril commence sa formation artistique auprès de Félix Cottavoz (1810- 1886). Grâce à une bourse décernée par la Ville de Grenoble, il la poursuit à partir de 1866 à Paris dans l’atelier d’Isidore Pils (1815- 1875). À son retour en Isère, il se spécialise dans les scènes de genre et le portrait. Dans cet autoportrait, l’artiste se représente de manière sobre, en homme de son temps. Le bras droit dans le dos et la main gauche à la poche, il adopte une pose pleine d’assurance, reflet de cette « prestance aristocratique héritée de sa famille paternelle[1] ».
Abandonnant les attributs du peintre, le pinceau et la palette, il apparaît coiffé d’un feutre noir, habillé d’un long par-dessus de même couleur, prêt à aller rejoindre les cercles artistiques grenoblois, auxquels il participait en étant notamment vice-président de la Société des amis des arts de Grenoble. Ce choix de se représenter en homme public peut surprendre pour un tableau destiné à rester dans l’intimité familiale, puisque l’artiste ne l’exposera pas aux Salons et que sa fille le gardera en sa possession jusqu’à son don au musée. Néanmoins, par certaines caractéristiques tout concourt ici à créer une atmosphère sombre qui pourrait traduire une personnalité austère, voire sévère : le noir-gris des vêtements, un arrière-plan non défini dans les mêmes tonalités, un jeu de clair-obscur qui dissimule dans l’ombre la moitié du visage déjà caché par une grosse moustache noire. Toutefois, par l’introduction de teintes chaudes, l’artiste tempère cette impression et suggère subtilement le tempérament calme et discret dont ses contemporains faisaient l’éloge[2]. Un sentiment de douceur émane de son regard et de ses yeux myopes, qui deviendront aveugles à la fin de sa vie et qu’il habille ici de fines lunettes rondes.
Peu porté à se représenter, on ne connaît de lui qu’un autre autoportrait qu’il expose au Salon de Lyon de 1867. Il avait alors vingt-quatre ans. D’aspect plus mûr, dans une tenue vestimentaire des années 1880, Édouard d’Apvril apparaît ici dans la force de l’âge, une période de sa vie où le peintre se spécialise dans l’art du portrait, ce qui l’aurait peut-être poussé à se prendre à nouveau pour modèle.


[1] Nathalie Servonnat-Favier, Édouard d’Apvril (1843-1928), Morestel, Maison Ravier, 1997, p. 3.
[2] « Ces êtres racés qui, discrètement, ont conquis l’admiration de leurs contemporains… C’est un homme très bon. » Ibid.

Un autre regard

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