La Mort de Lucrèce

L’histoire de la mort de Lucrèce en 509 avant
Jésus-Christ passe, selon Tite-Live, pour l’acte
fondateur de la République romaine. Si ce
thème antique est souvent représenté en peinture
aux XVIIe et XVIIIe siècles, Victor Sappey est
l’un des rares sculpteurs à en faire le récit dans
ce haut-relief daté de 1828. Dans cet épisode
tragique, Lucrèce, épouse de Tarquin Collatin,
vient de se donner la mort après avoir été
déshonorée par Sextus Tarquin, fils de Tarquin
le Superbe, roi de Rome. Avant de trépasser,
la jeune femme fait promettre à sa famille
de la venger. L’oeuvre traduit ici le moment où
son entourage, réuni auprès d’elle, s’engage à
punir l’auteur de cette ignominie. Les tensions
qui résultent de cette scène sont exprimées
par l’opposition de deux groupes distincts. Le
corps sans vie de Lucrèce, associé à la figure
de son père éploré, forme le premier ensemble,
tandis que le second se compose de trois
hommes. À gauche, Tarquin Collatin, le mari de Lucrèce. Face à lui, Publius Valerius Publicola
qui retient son glaive comme pour annoncer sa
vengeance. À droite, Lucius Junius Brutus est
celui qui accomplira cet acte. Pour son intervention,
qui entraînera la fin de la monarchie,
ce dernier est considéré comme le fondateur
légendaire de la République romaine. L’unique
décor produit par Sappey renvoie aussi à l’histoire
de Rome et à ses origines avec en arrière-plan
Romulus et Rémus allaités par la Louve.
Installé à Paris depuis quatre ans, le Grenoblois
avait d’abord fréquenté l’atelier de
Nicolas Raggi (1790-1862), puis celui d’Étienne
Cartellier (1757-1831) au cours de l’année 1827
pour enfin rejoindre celui de Jules Ramey
(1796-1852). L’influence de ces trois sculpteurs
néoclassiques le conduit probablement
à la réalisation de cette scène théâtrale. En
1828, il gagne son premier concours grâce à
une « composition historique » qui pourrait
bien être La Mort de Lucrèce.
Un autre regard
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La sculpture au XIXe siècle
La fin du XVIIIe siècle, en particulier suite aux fouilles d’Herculanum et de Pompéi, voit chez de nombreux artistes un regain d'intérêt pour les modèles grecs et romains.