Saint Grégoire

L’attribution de ce dessin n’est pas encore établie
de manière certaine. Son ancrage géographique
oscille entre trois pôles : Sienne (nous pensions
le rattacher un moment à des dessins de
technique comparable, dus à Antonio Nasini),
Naples (on y a vu un air à la Giordano) et
Florence. C’est ce dernier pôle que nous
voudrions privilégier en avançant le nom de
Bernardino Poccetti. Cette proposition prend
cependant un air expérimental. Car rares sont
les études de figure de Poccetti, conçues à la fois
à la pierre noire pour la délinéation des contours
et au lavis d’encre brune pour les contrastes
d’ombre et de lumière. La quasi-totalité de ses
figures sont en effet dessinées à la pierre noire
ou à la sanguine. Quelques-unes sont réalisées
conjointement à la sanguine et à la pierre noire
mais cela concerne une phase tardive de sa
production graphique. Un seul dessin à notre
connaissance associe pierre noire et lavis. Il s’agit
d’une étude de cartouche avec les armes des
Médicis, flanquées des allégories de la Justice et
de la Prudence[1]. Malgré l’emploi de médiums
différents, toutes ces feuilles montrent des points
communs dans le type physionomique adopté.
Les figures sont ainsi massives et correctement
proportionnées ; l’attention graphique qui y est
portée dénote qu’elles ont été réalisées devant le
modèle vivant. Ce caractère presque monumental
des figures a souvent été rapproché des
types physiques élaborés par Alessandro Allori
qui, après la mort de Bronzino en 1 572 et de
Vasari deux ans après, devient pour les jeunes
peintres une référence, en concurrence avec
Santi di Tito.
Il nous semble que l’on peut rapprocher le
dessin de Grenoble de ces exemples. Nous en
prendrons un en particulier. Il s’agit d’un
dessin à la sanguine conservé au Getty,
étudiant une figure d’homme assis, le bras
droit légèrement tendu. Cette figure est
imposante et elle est surtout finement dessinée
dans les moindres détails physionomiques et
vestimentaires, lesquels lui confèrent un effet
de réel saisissant. La figure de saint Grégoire
présente un air de similitude tant dans le hiératisme
de la pose que dans la forme de certaines
parties anatomiques, notamment les doigts très
fins et relativement longs.
Cette mise en comparaison de deux œuvres de
nature technique différente doit être prise avec
précaution. Elle ne permet pas d’entériner une
attribution. Elle permet seulement d’en
proposer une.
[1] Ce dessin est conservé à Londres, Victoria & Albert Museum, inv. E.532-2 008.
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