Sainte Thérèse d'Avila
L’identification de la sainte avec Maria Maddalena
de’Pazzi, grande figure mystique de la piété
à Florence où elle donna lieu à de très
nombreuses images aux XVIIe et XVIIIe siècles, a
sans doute influé sur le jugement de
M. Chiarini, qui y a vu l’œuvre possible d’un
dessinateur florentin (note manuscrite sur le
montage), et sur l’auteur de la présente notice,
qui l’a orientée plus précisément vers Domenico
Gabbiani (ibid.). En réalité, il ne s’agit pas de
cette sainte, canonisée en 1669, dont les extases
fascinèrent les contemporains, mais bien d’une
autre sainte carmélitaine, sainte Thérèse d’Avila,
décédée en 1582, l’année-même où la jeune fille
noble de Florence entrait au Carmel. Elle est
représentée assise à sa table de travail, la plume
à la main, en train d’écrire l’un des cinq livres
inspirés par l’Esprit-Saint ou une voix
angélique. Le thème est assez commun dans la
peinture de la fin du XVIIe ou du début du
XVIIIe siècle, avec des variantes : la source d’inspiration
céleste est représentée tantôt par un halo
lumineux, tantôt par l’Esprit-Saint sous forme
d’une colombe blanche ; les anges qui l’entourent
sont tantôt des chérubins tantôt des jeunes
anges. En Espagne, le sujet fut souvent représenté
dans des tableaux aux attributions
variables. Le geste de la main tel qu’il est dessiné
est le même que dans le tableau attribué à Velázquez
(Madrid, marquésa Casa Riera).
Une fois établie l’identité de la sainte, le rapprochement
avec Florence perd de sa pertinence.
Mieux vaut maintenir le dessin dans le cercle
napolitain de Luca Giordano, qui a utilisé lui-même
la pierre noire seule dans divers dessins,
comme dans l’étude certaine pour le miracle de
Saint Antoine guérissant le pied du fils irascible
(Copenhague, Statens Museum for Kunst, GB
352), où l’on retrouve les légers traits parallèles
pour indiquer sommairement les formes. Le
même format en largeur a été appliqué par
Giordano pour un tableau représentant également
Sainte Thérèse d’Avila (Naples, S. Teresa
agli Studi)[1], où sont associés l’épisode de la
sainte écrivant et celui de la transverbération,
rendu célèbre par la sculpture du Bernin,
montrant le transpercement spirituel du cœur
par un trait enflammé. Ce format en largeur
évoque celui fréquent dans les tableaux peints
pour des couvents, dont la destination pour des
espaces privés (par exemple le parloir) impliquait
d’autres exigences que les grands tableaux
d’autel verticaux des églises.
[1] Huile sur toile. Ce tableau pourrait provenir du couvent des carmélites qui fut supprimé au XVIIIe siècle.
Découvrez également...
-
Statuette d'Isis allaitant
VIIe siècle av. J.-C. - IVe siècle av. J.-C. -
Composition n° 164
1947 -
Galatée
1917