Sainte Thérèse d'Avila

Luca GIORDANO (attribué à)
XVIIe siècle
Pierre noire sur papier vergé beige
13,8 x 23,7 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Legs de Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (lot 3551, n°1416).

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L’identification de la sainte avec Maria Maddalena de’Pazzi, grande figure mystique de la piété à Florence où elle donna lieu à de très nombreuses images aux XVIIe et XVIIIe siècles, a sans doute influé sur le jugement de M. Chiarini, qui y a vu l’œuvre possible d’un dessinateur florentin (note manuscrite sur le montage), et sur l’auteur de la présente notice, qui l’a orientée plus précisément vers Domenico Gabbiani (ibid.). En réalité, il ne s’agit pas de cette sainte, canonisée en 1669, dont les extases fascinèrent les contemporains, mais bien d’une autre sainte carmélitaine, sainte Thérèse d’Avila, décédée en 1582, l’année-même où la jeune fille noble de Florence entrait au Carmel. Elle est représentée assise à sa table de travail, la plume à la main, en train d’écrire l’un des cinq livres inspirés par l’Esprit-Saint ou une voix angélique. Le thème est assez commun dans la peinture de la fin du XVIIe ou du début du XVIIIe siècle, avec des variantes : la source d’inspiration céleste est représentée tantôt par un halo lumineux, tantôt par l’Esprit-Saint sous forme d’une colombe blanche ; les anges qui l’entourent sont tantôt des chérubins tantôt des jeunes anges. En Espagne, le sujet fut souvent représenté dans des tableaux aux attributions variables. Le geste de la main tel qu’il est dessiné est le même que dans le tableau attribué à Velázquez (Madrid, marquésa Casa Riera).
Une fois établie l’identité de la sainte, le rapprochement avec Florence perd de sa pertinence. Mieux vaut maintenir le dessin dans le cercle napolitain de Luca Giordano, qui a utilisé lui-même la pierre noire seule dans divers dessins, comme dans l’étude certaine pour le miracle de Saint Antoine guérissant le pied du fils irascible (Copenhague, Statens Museum for Kunst, GB 352), où l’on retrouve les légers traits parallèles pour indiquer sommairement les formes. Le même format en largeur a été appliqué par Giordano pour un tableau représentant également Sainte Thérèse d’Avila (Naples, S. Teresa agli Studi)[1], où sont associés l’épisode de la sainte écrivant et celui de la transverbération, rendu célèbre par la sculpture du Bernin, montrant le transpercement spirituel du cœur par un trait enflammé. Ce format en largeur évoque celui fréquent dans les tableaux peints pour des couvents, dont la destination pour des espaces privés (par exemple le parloir) impliquait d’autres exigences que les grands tableaux d’autel verticaux des églises.


[1] Huile sur toile. Ce tableau pourrait provenir du couvent des carmélites qui fut supprimé au XVIIIe siècle.

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