Saint Jérôme pénitent dans un paysage avec saint François recevant les stigmates

Entré au musée sous le nom d’un peintre et graveur allemand du tout début du XVIe siècle, Heinrich Aldegrever, ce Saint Jérôme, qui est sans aucun doute la plus ancienne feuille de la collection, pose de passionnantes questions d’attribution. Rattaché à l’école lombarde de la fin du XVe siècle dès 1991, ce dessin adopte par ailleurs certains “tics” stylistiques de l’école ferraraise de cette époque et en particulier le traitement des rochers, déchiquetés et empilés comme des cubes, ou des arbres, aux troncs fins et partagés en deux. Parmi les nombreuses hypothèses avancées, les noms de Bernardino Butinone et de son collaborateur Bernardo Zenale, artistes lombards imprégnés d’influences ferraraises et réfractaires à l’influence de Léonard, ne manquent pas d’arguments en leur faveur. Étude pour une miniature ou un petit tableau de dévotion, cette œuvre délicate et aboutie présente une iconographie relativement rare, qui mêle dans un même espace Saint Jérôme pénitent et Saint François recevant les stigmates. La figure de Saint Jérôme connaît dans la seconde moitié du XVe siècle une fortune considérable, particulièrement à la cour des Este, à Ferrare. Plus que le docteur de l’Église, ayant traduit la Bible en latin, c’est le pénitent retiré dans le désert qui est le sujet privilégié de petits tableaux de dévotion, très prisés par une clientèle laïque qui les disposait dans son oratoire, son studiolo ou sa chambre. Saint Jérôme, s’efforçant de suivre l’exemple du Christ sur la croix en meurtrissant sa chair, et Saint François, recevant comme lui les stigmates, offrent au chrétien deux figures exemplaires pour l’aider à progresser sur le chemin de la pénitence.
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