Paysage

Wolf HUBER (entourage de)
circa 1520
Plume et encre noire, trait d'encadrement à la plume et à l'encre brune sur papier vergé beige
19,5 x 15,6 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Legs de M. Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (lot 3559, n°2077)

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Né vers 1485 à Feldkirch, Wolf Huber est, avec Albrecht Altdorfer, le représentant le plus célèbre d’un groupe de paysagistes pour lequel Theodor von Frimmel a inventé la belle désignation d’« école du Danube ». Actifs entre 1510 et 1550 dans le sud de l’Allemagne, dans une vaste région située entre le Danube et le bord des Alpes, ces peintres insèrent le plus souvent des sujets religieux dans des paysages grandioses et sauvages, aux reliefs accusés et aux couleurs chatoyantes. La grande sensibilité à la nature qui se lit dans les montagnes densément boisées, les forêts impénétrables et les rivières torrentielles sont le signe distinctif de cette école qui trouve ses origines dans certaines compositions d’Albrecht Dürer, comme le Saint Jérôme de Londres[1], ou de Lucas Cranach dans sa période viennoise, au tout début du XVIe siècle. Le succès de cette école est considérable comme l’attestent bien les nombreuses copies peintes et dessinées dont font l’objet les oeuvres principales de ces artistes. L’art du paysage en Europe connaît alors son apogée et, dans certaines oeuvres, toute présence humaine disparaît, comme on peut le voir dans le Paysage avec le château de Wörth d’Altdorfer, à l’Alte Pinakothek à Munich[2].
Le paysage de Huber étudié ici, exécuté à la plume et à l’encre noire, est très équilibré et savamment composé. Les arbres pittoresques, comme le saule à gauche, sont reliés à l’arrière- plan montagneux et escarpé par un vaste pont aux multiples arcs. Le rocher creusé est un élément emprunté aux oeuvres de Léonard de Vinci, dont les paysages grandioses influencent les artistes européens depuis le début du XVIe siècle. Ce dessin est mentionné comme une oeuvre « dans le style de Wolf Huber »[3], dans une exposition de 1984 à Paris, ce qui est juste car il s’agit d’une belle copie d’après l’artiste. Cependant, on ne connaît pas aujourd’hui le dessin original qui a servi de modèle. L’auteur de cette feuille utilise un jeu important de hachures parallèles, imitant à la perfection l’art de Huber, même si l’utilisation de la plume est ici plus sèche. L’artiste mêle l’observation sur le vif à une approche calligraphique et ornementale, ce qui marque surtout ses premières oeuvres qui deviennent presque « romantiques » dans les années 1520. C’est à cette période qu’il faut situer l’original de la feuille de Grenoble, entre le Paysage au pont de 1515[4] et la Vue la ville de Feldkirch de 1523[5]. Cette oeuvre, malgré son caractère non autographe, complète bien l’ensemble des dessins de Huber conservés en France. Le Louvre possède deux portraits et le musée des beaux-arts de Lyon[6], ainsi que l’École nationale des beaux-arts[7], des études architecturales, ce qui signale le double intérêt de l’artiste pour la peinture et pour l’architecture.
La feuille provient, selon sa marque de collection, du marchand et expert Giuseppe Vallardi (1784-1863), célèbre pour son codex contenant en grande partie des dessins de Pisanello, acquis par le Louvre en 1856 sous une attribution à Léonardo. Ce qui restait de cette collection a été dispersé à l’hôtel Drouot en 1860.


[1] National Gallery, Inv. NG6563.
[2] Alte Pinakothek, Inv. WAF 30.
[3] Cat. exp. Paris, 1984, n° 208.
[4] Munich, Staatliche Graphische Sammlung, voir Heinzle, 1953, no 28, repr.
[5] Londres, British Museum, Inv. 1883, 0714.101.
[6] Voir cat. exp. Paris, 1965, n° 177, repr. (le dessin est daté de 1527).
[7] Paris, École nationale des beaux-arts, Inv. M 55.

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