Tête siennoise

Né à Paris de parents immigrés italiens en 1911, Émile Gilioli est emmené par sa famille en Italie au début de la Première Guerre mondiale. Formé très jeune au métal chez un forgeron, il ne revient en France qu’en 1928 pour retrouver son père, installé à Nice après la guerre. Le jeune Gilioli fréquente alors les cours du soir de l’École des arts décoratifs avant de se rendre dans la capitale où, après son service militaire, il étudie à l’École nationale supérieure des beaux-arts de Paris. Mobilisé en 1939, il est envoyé dans les Alpes et va rester jusqu’en 1945 en Dauphiné, période au cours de laquelle il reçoit la commande de nombreux monuments commémoratifs, des sculptures figuratives taillées dans le bois ou la pierre. Son amitié avec Andry-Farcy, le célèbre conservateur du musée de Grenoble, et ses contacts parisiens à partir de 1946 avec Dewasne, Poliakoff et Vasarely vont l’encourager dans la voie de l’abstraction. L’art de Picasso et la sculpture d’Henri Laurens seront également des repères constants dans son travail de simplification des formes. Posée sur un socle de marbre noir de faible épaisseur, Tête siennoise est une sculpture en bronze doré dont la pureté des lignes et la densité formelle évoquent l’influence de Brancusi, sensible dans tout l’œuvre de Gilioli. Sa forme ovoïde, parcourue de quelques arêtes courbes ou rectilignes qui délimitent des surfaces concaves ou convexes, synthétise à l’extrême les traits d’un visage. Cette maîtrise de la matière rappelle les paroles d’un professeur dont Gilioli a fait le principe de son art : « Ce n’est pas le modèle qui compte mais la lumière. » Le bronze poli agit comme un miroir déformant, il piège la lumière et reflète ce qui l’environne, augmentant la perfection des volumes et la tension interne. Le titre de l’œuvre peut être lu comme un écho au pur visage des vierges auréolées de la peinture siennoise. Le regard, capté par cette image d’absolu et d’éternité, s’oublie dans la contemplation.
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