Têtes de fantaisie

Jean-Baptiste Marie PIERRE
XVIIIe siècle
Sanguine, double trait d'encadrement à la plume et à l'encre brune sur papier vergé beige
23,4 x 17,2 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Legs de Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (lot 3560, n°388).

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Cette feuille est entrée au musée avec la collection Mesnard où elle était attribuée à Natoire ou Pierre. Le tracé rapide et léger des contours porte la trace d’incisions, laissant penser à une étude destinée à la gravure. Nicolas Lesur a pu confirmer cette hypothèse, ainsi que l'attribution à Pierre, en mettant en rapport le dessin avec une estampe tirée d’une suite de cinq, inventée par Pierre et gravée à quatre mains en 1756 par l’artiste et son ami l’amateur Claude-Henri Watelet.
En 1758, Pierre est au faîte de sa carrière et vient d’achever plusieurs œuvres monumentales et ensembles décoratifs prestigieux, comme les panneaux en camaïeux du cabinet du Conseil à Fontainebleau ou la coupole de la chapelle de la Vierge à Saint-Roch. Parallèlement à ses réalisations de grande envergure, l’artiste renoue avec l’art plus intime de l’estampe, dont la série exécutée avec Watelet est une illustration aussi significative qu’originale. Trois de ces œuvres montrent des assemblages fantaisistes de têtes humaines et animales dont la signification, s’il y en a une, n’est pas encore élucidée. Les deux autres représentent deux études de profils et une Vénus, entourée par des amours et vue de dos. La rapidité de l’exécution, le rendu de l’eau-forte « dans le goût du crayon », témoignent de l’aspect expérimental de ces œuvres.
Les inscriptions, portées sur la gravure correspondant au dessin de Grenoble, précisent que ces eaux-fortes ont été tracées en une journée, en compagnie de Watelet au Moulin-Joli. Watelet avait acquis cette propriété en 1750 sur les bords de la Seine à Colombes. Il y avait aménagé un jardin au charme pittoresque qui allait rapidement devenir célèbre auprès des artistes (voir MG 2011-0-107 ).
L’étonnant dessin de Grenoble, et la série gravée à laquelle il se rapporte, témoignent de l’amitié et de la communauté de vues artistiques partagées par l’artiste et l’amateur. Quelques années plus tard, en 1760, cette collaboration se vérifiera de façon plus marquée par la parution de l’ouvrage de Watelet, L’Art de peindre, qui sera illustrée avec des dessins de Pierre.

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