Etude pour Moïse

Giuseppe CESARI dit IL CAVALIER D'ARPINO
XVIIe siècle
Pierre noire sur papier vergé crème contre-collé en plein
16,3 x 10,8 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Legs de Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (lot 3551, n°1484 bis).

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Parmi les quatre feuilles des collections du musée attribuées au Cavaliere d’Arpino [1], ce dessin est le seul qui a fait l’objet d’une publication. Bien que les deux autres feuilles exposées fussent connues de Herwarth Röttgen, qui confirma leur attribution à Cesari, il ne mentionne que celle-ci dans sa monographie consacrée à l’artiste, ne prenant de fait en considération essentiellement que les dessins préparatoires à une œuvre identifiée. En effet, le dessin de Grenoble, dont la juste attribution revient à Jacob Bean, est préparatoire à la figure du Moïse, peinte par l’artiste sur la voûte de la chapelle Olgiati à San Prassede de Rome entre 1593 et 1595. Une autre étude, vraisemblablement en rapport avec la même figure, était alors conservée dans la collection de Ralph Holland à Londres, mais, depuis la parution du livre de Röttgen, est apparue une deuxième étude préparatoire à la figure du Moïse, acquise par l’État en 2004, grâce au mécénat de Carrefour, et déposée au Palais des Beaux-Arts de Lille. La figure du dessin de Lille ne présente que quelques légères variantes par rapport à la fresque, tandis que dans celle de Grenoble, la position des mains, la droite posée sur la poitrine et la gauche sur le livre, est à l’opposé de celle adoptée par l’artiste pour la figure peinte. L’antériorité d’exécution du dessin de Grenoble est confirmée par la rapidité du trait qui lui confère un style davantage « maniériste » et donne un sens à l’attribution traditionnelle au peintre florentin actif au studiolo de Francesco de Médicis, Maso da San Friano.
La solution proposée par Cesari dans la feuille de Grenoble renvoie à ses premières réalisations, notamment aux figures peintes dans les écoinçons des voûtes du chœur et de la sacristie de la chartreuse de San Martino à Naples, encore empreintes du maniérisme tardif caractéristique des nombreuses décorations réalisées à Rome sous le pontificat de Sixte Quint. Giuseppe Cesari reçut la commande de la décoration de la chapelle Olgiati en 1587, mais son exécution ne débuta qu’après son retour de Naples (1591) et, en ce qui concerne la figure du Moïse, remonte vraisemblablement à l’année 1595. L’opposition stylistique entre le dessin de Grenoble, proche de l’esquisse, et celui de Lille, plus soutenu, illustrent le rôle joué par le peintre dans le passage du maniérisme tardif au « classicisme ». C’est à cette dualité du style du Cavaliere d’Arpino qu’il faut attribuer le fait que ne lui fut pas octroyée la reconnaissance par l’histoire de l’art que son œuvre aurait méritée.


[1] MG 366, MG 913, MG D 2152 et la présente feuille.

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