Les Tours

Issue d’une riche famille portugaise, Maria- Helena Vieira da Silva s’installe à Paris en 1928 où elle étudie la sculpture avec Antoine Bourdelle, puis la peinture avec Fernand Léger et Roger Bissière. C’est à Rio de Janeiro où elle vit pendant plusieurs années avec son mari le peintre Arpad Szenes que Vieira da Silva commence à produire ces paysages étranges de réseaux labyrinthiques qui feront sa renommée. Influencée par les sujets quadrillés des tableaux de Bonnard (La Nappe à carreaux rouges, 1915), la fragmentation des formes de Cézanne et les azulejos portugais, la technique qu’elle a mise au point associe la répétition de formes géométriques à l’étude de la perspective. « Cette technique donne une vibration et permet de trouver le rythme d’un tableau » dira-t-elle. De retour en 1947 à Paris, elle s’impose vite comme l’un des plus grands artistes d’art abstrait de l’après-guerre. Avec Les Tours, Vieira da Silva exprime sa fascination pour la thématique urbaine qui lui offre un univers de lignes particulièrement dense à exploiter. Le réseau de traits verticaux et horizontaux constitue la structure des gratte-ciel auxquels des cases colorées donnent un volume que viennent renforcer des courbes. Les pans de façade ainsi construits sont animés de petits rectangles blancs comme autant de vitres qui reflètent la lumière. Le chevauchement vibratoire de tous ces éléments capte alors le regard quand celui-ci balaye la surface du tableau. La hauteur des tours est traduite ici par la discontinuité de la trame, l’assombrissement des couleurs et le rétrécissement du quadrillage : la perspective ainsi créée se lit à travers la cadence raccourcie des damiers dans la partie supérieure du tableau. Cette vision kaléidoscopique de deux bâtiments s’enrichit d’une harmonie de blanc, bleu et ocre qui renvoie aussi bien au miroitement électrique qu’à une lumière diurne filtrée par des nuages. L’ensemble de tous ces rythmes colorés ainsi posés sur la toile contribue à créer une dynamique quasi musicale qui transforme le paysage urbain en une abstraction pure.
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