Paysage boisé

Issu d’une famille d’émigrés anversois, Ryckhals
est né à Middelbourg, à quelques dizaines de
kilomètres au nord-ouest d’Anvers. Comme
d’autres artistes actifs en Zélande, il aborde
les sujets peints et dessinés les plus divers,
contraint pour des raisons économiques à
varier ses oeuvres. On connaît de sa main des
natures mortes, des scènes d’intérieur, des
paysages et des scènes de genre.
Le mérite d’avoir catalogué son oeuvre pour
la première fois revient à Abraham Bredius
(1917) qui illustre alors son article avec un
paysage dessiné de 1632, monogrammé et
conservé au Gemeentearchief de Haarlem. Ce
seul dessin connu de l’artiste à cette époque
a permis à d’autres historiens de l’art, par la
suite, de définir un corpus d’une vingtaine
de paysages dessinés. En 1991 et 1994, Beck
et Buma ont dressé pour la première fois des
catalogues raisonnés convaincants de l’oeuvre
dessiné de Ryckhals en y intégrant les deux
feuilles de Grenoble. Ryckhals est membre de la guilde de Dordrecht en 1633-1634. Van Gelder[1], en 1967, a
d’ailleurs attiré l’attention sur l’importance
de celui-ci dans la formation du jeune Aelbert
Cuyp. En effet, de nombreux dessins, donnés
autrefois au grand paysagiste de Dordrecht,
reviennent en fait à l’artiste zélandais. Le
dessin de Grenoble porte d’ailleurs en bas à
gauche une fausse signature Cuyp. Non daté,
il a été sans doute exécuté lors du séjour de
Ryckhals à Dordrecht.
Ce dernier utilise une pierre noire très transparente
laissant passer un maximum de
lumière et montre une habileté à distribuer les
masses. Ses compositions sont d’une grande
densité de lignes et de points, surtout dans
le rendu du sous-bois, et le contraste avec les
grandes surfaces blanches destinées au ciel est
saisissant. Le dessin, avec un voyageur au repos
au premier plan, s’ouvre sur une clairière.
L’artiste aime montrer sa virtuosité en traçant
des lignes élégantes et sûres pour représenter
le dénivelé. Ses arbres sont très pittoresques :
sous les feuilles dessinées méticuleusement,
les troncs et les branches, anguleuses et parfois
sèches, sont toujours visibles. Ses paysages
d’une grande beauté apparaissent légèrement
archaïques si on les compare avec ceux d’un
Jan van Goyen (MG D 640, MG D 639 et MG D 643). C’est surtout
dans la manière de cadrer la composition, avec
deux chênes à gauche et un autre à droite, mis
en valeur, que se perçoit une manière de faire
plus ancienne.
Le musée de Grenoble conserve un second dessin
de Ryckhals stylistiquement très proche. Il
s’agit d’un Paysage boisé (MG D 652-1). L’oeuvre est,
à quelques détails près, identique à un dessin
conservé au Rijksprentenkabinet de Leyde[2]. Il
s’agit vraisemblablement d’une autre version
authentique, destinée à la vente, avec de légères
variantes au premier plan.
[1] Voir Van Gelder, 1967.
[2] Rijksprentenkabinet, Inv. AW 221, voir Beck, 1991, n° 1045, repr.
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