Paysage boisé

François RYCKHALS
vers 1633 - 1634?
Pierre noire, trait d'encadrement à la pierre noire sur papier vergé beige
17,5 x 24,2 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Legs de M. Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (lot 3548, n°1693)

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Issu d’une famille d’émigrés anversois, Ryckhals est né à Middelbourg, à quelques dizaines de kilomètres au nord-ouest d’Anvers. Comme d’autres artistes actifs en Zélande, il aborde les sujets peints et dessinés les plus divers, contraint pour des raisons économiques à varier ses oeuvres. On connaît de sa main des natures mortes, des scènes d’intérieur, des paysages et des scènes de genre. Le mérite d’avoir catalogué son oeuvre pour la première fois revient à Abraham Bredius (1917) qui illustre alors son article avec un paysage dessiné de 1632, monogrammé et conservé au Gemeentearchief de Haarlem. Ce seul dessin connu de l’artiste à cette époque a permis à d’autres historiens de l’art, par la suite, de définir un corpus d’une vingtaine de paysages dessinés. En 1991 et 1994, Beck et Buma ont dressé pour la première fois des catalogues raisonnés convaincants de l’oeuvre dessiné de Ryckhals en y intégrant les deux feuilles de Grenoble. Ryckhals est membre de la guilde de Dordrecht en 1633-1634. Van Gelder[1], en 1967, a d’ailleurs attiré l’attention sur l’importance de celui-ci dans la formation du jeune Aelbert Cuyp. En effet, de nombreux dessins, donnés autrefois au grand paysagiste de Dordrecht, reviennent en fait à l’artiste zélandais. Le dessin de Grenoble porte d’ailleurs en bas à gauche une fausse signature Cuyp. Non daté, il a été sans doute exécuté lors du séjour de Ryckhals à Dordrecht.
Ce dernier utilise une pierre noire très transparente laissant passer un maximum de lumière et montre une habileté à distribuer les masses. Ses compositions sont d’une grande densité de lignes et de points, surtout dans le rendu du sous-bois, et le contraste avec les grandes surfaces blanches destinées au ciel est saisissant. Le dessin, avec un voyageur au repos au premier plan, s’ouvre sur une clairière. L’artiste aime montrer sa virtuosité en traçant des lignes élégantes et sûres pour représenter le dénivelé. Ses arbres sont très pittoresques : sous les feuilles dessinées méticuleusement, les troncs et les branches, anguleuses et parfois sèches, sont toujours visibles. Ses paysages d’une grande beauté apparaissent légèrement archaïques si on les compare avec ceux d’un Jan van Goyen (MG D 640, MG D 639 et MG D 643). C’est surtout dans la manière de cadrer la composition, avec deux chênes à gauche et un autre à droite, mis en valeur, que se perçoit une manière de faire plus ancienne.
Le musée de Grenoble conserve un second dessin de Ryckhals stylistiquement très proche. Il s’agit d’un Paysage boisé (MG D 652-1). L’oeuvre est, à quelques détails près, identique à un dessin conservé au Rijksprentenkabinet de Leyde[2]. Il s’agit vraisemblablement d’une autre version authentique, destinée à la vente, avec de légères variantes au premier plan.


[1] Voir Van Gelder, 1967.
[2] Rijksprentenkabinet, Inv. AW 221, voir Beck, 1991, n° 1045, repr.

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