Figure debout, drapée, et détail de deux pieds chaussés

L’ancienne attribution à Empoli est tout à fait
convaincante. L’artiste avait l’habitude d’étudier
longuement ses compositions en détail,
répétant les figures isolées, généralement à la
pierre noire sur papier coloré, souvent gris, ou
teinté au lavis, ce qui rappelle la tradition des
papiers préparés. Ici, la teinte bleue du papier,
teinté dans la masse, est visible au verso. La
figure humaine, nue ou drapée, étudiée dans
des attitudes variées dal naturale, c’est-à-dire
d’après le modèle vivant, est une constante
dans le corpus de son œuvre graphique.
Empoli a pourtant été aussi un peintre de
natures mortes de grand talent. Sauf dans le
cas de quelques études d’académies d’hommes
nus, dont Filippo Baldinucci possédait quatre
exemples[1], ses dessins ont toujours une finalité
précise et lorsqu’on ne retrouve pas la correspondance
avec un tableau, c’est que celui-ci est
perdu ou n’a pas été retrouvé. C’est le cas du
présent dessin.
Empoli a aimé, comme ici, revêtir ses figures
féminines de longs vêtements, retroussés à la
taille en plis abondants. C’est cette robe que
portent la Vierge de la Madonna del Soccorso
(Vierge du Bon Secours, Florence, Galleria
Palatina) ou l’ange de l’Annonciation de la
chapelle Strozzi, à S. Trinità. L’étude permet de
saisir comment le dessinateur observe la
silhouette et laisse apparaître le modelé des
jambes sous la retombée du lourd tissu de la
robe. Le buste est laissé en réserve de façon très
suggestive ; quelques traits elliptiques suffisent
à traduire le mouvement de la figure, sa juvénilité
et son attitude modeste. S’agirait-il d’une
étude pour une figure comme celle de la
Patience (Rome, collection Cruciani Boriosi) ?
La reprise concise du détail des deux pieds
chaussés, dont l’appui au sol est solidement
noté par des coups de pierre noire qui
indiquent l’ombre portée vers l’arrière ou
latéralement, est typique de la méthode du
dessinateur. La vigueur du trait, contrastant
avec la légèreté du buste, en est la marque.
L’enfant au premier plan du tableau de Saint
Yves protecteur de la veuve et de l’orphelin
(Florence, Galleria Palatina) porte des chaussures
lassées par un ruban, identiques à celles-ci.
En général, dans les études d’Empoli, les
reprises servent à étudier des détails des drapés,
du vêtement ou du corps humain (main, pied
nu, profil du visage).
Les dessins d’Empoli sont très nombreux et on
en trouve dans de multiples collections. Le
fonds le plus important est celui de la Galleria
degli Uffizi (GDSU). Le cardinal Leopoldo
de’Medici, qui est à l’origine de cette collection,
en possédait déjà 288 feuilles avant 1674 ; en
1675, il en avait 362[2].
[1] Louvre, inv. 1045 à inv. 1048.
[2] D’après la Listra di nomi dei pittori établie par Filippo Baldinucci en 1675 (Baldinucci, 1681-1728,VII, p. 188). Bianchini (1986, p. 69) interprète la date de 1635, qui accompagne la mention des dessins d’Empoli dans ce document, comme étant celle de l’acquisition des 288 premiers dessins par le cardinal ; en ce cas, l’artiste aurait été encore vivant (« ancor vivo l’Empoli »). Il s’agit sans doute plutôt d’un simple repère chronologique.
Découvrez également...
-
Bouton
s.d. -
-
Sous-bois à la grange
XIXe siècle