Figure debout, drapée, et détail de deux pieds chaussés

Jacopo CHIMENTI dit Jacopo DA EMPOLI
XVIe siècle
Pierre noire et rehauts de craie blanche sur papier vergé anciennement bleu, décoloré en gris, doublé
42 x 28 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Legs de Léonce Mesnard en 1890, entré au musée en 1902 (dessins devant être exposés sur des cadres tournant autour d'un pivot, n°155)

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L’ancienne attribution à Empoli est tout à fait convaincante. L’artiste avait l’habitude d’étudier longuement ses compositions en détail, répétant les figures isolées, généralement à la pierre noire sur papier coloré, souvent gris, ou teinté au lavis, ce qui rappelle la tradition des papiers préparés. Ici, la teinte bleue du papier, teinté dans la masse, est visible au verso. La figure humaine, nue ou drapée, étudiée dans des attitudes variées dal naturale, c’est-à-dire d’après le modèle vivant, est une constante dans le corpus de son œuvre graphique. Empoli a pourtant été aussi un peintre de natures mortes de grand talent. Sauf dans le cas de quelques études d’académies d’hommes nus, dont Filippo Baldinucci possédait quatre exemples[1], ses dessins ont toujours une finalité précise et lorsqu’on ne retrouve pas la correspondance avec un tableau, c’est que celui-ci est perdu ou n’a pas été retrouvé. C’est le cas du présent dessin.
Empoli a aimé, comme ici, revêtir ses figures féminines de longs vêtements, retroussés à la taille en plis abondants. C’est cette robe que portent la Vierge de la Madonna del Soccorso (Vierge du Bon Secours, Florence, Galleria Palatina) ou l’ange de l’Annonciation de la chapelle Strozzi, à S. Trinità. L’étude permet de saisir comment le dessinateur observe la silhouette et laisse apparaître le modelé des jambes sous la retombée du lourd tissu de la robe. Le buste est laissé en réserve de façon très suggestive ; quelques traits elliptiques suffisent à traduire le mouvement de la figure, sa juvénilité et son attitude modeste. S’agirait-il d’une étude pour une figure comme celle de la Patience (Rome, collection Cruciani Boriosi) ? La reprise concise du détail des deux pieds chaussés, dont l’appui au sol est solidement noté par des coups de pierre noire qui indiquent l’ombre portée vers l’arrière ou latéralement, est typique de la méthode du dessinateur. La vigueur du trait, contrastant avec la légèreté du buste, en est la marque. L’enfant au premier plan du tableau de Saint Yves protecteur de la veuve et de l’orphelin (Florence, Galleria Palatina) porte des chaussures lassées par un ruban, identiques à celles-ci. En général, dans les études d’Empoli, les reprises servent à étudier des détails des drapés, du vêtement ou du corps humain (main, pied nu, profil du visage).
Les dessins d’Empoli sont très nombreux et on en trouve dans de multiples collections. Le fonds le plus important est celui de la Galleria degli Uffizi (GDSU). Le cardinal Leopoldo de’Medici, qui est à l’origine de cette collection, en possédait déjà 288 feuilles avant 1674 ; en 1675, il en avait 362[2].


[1] Louvre, inv. 1045 à inv. 1048.
[2] D’après la Listra di nomi dei pittori établie par Filippo Baldinucci en 1675 (Baldinucci, 1681-1728,VII, p. 188). Bianchini (1986, p. 69) interprète la date de 1635, qui accompagne la mention des dessins d’Empoli dans ce document, comme étant celle de l’acquisition des 288 premiers dessins par le cardinal ; en ce cas, l’artiste aurait été encore vivant (« ancor vivo l’Empoli »). Il s’agit sans doute plutôt d’un simple repère chronologique.

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