Figure à demi étendue, appuyée sur son coude gauche

Fabrizio BOSCHI
XVIIe siècle
Sanguine sur papier vergé beige doublé découpé de manière irrégulière
18,7 x 24,4 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Mode et date d'entrée inconnus (probablement collection L. Mesnard)

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Parmi les dessinateurs florentins de la première moitié du XVIIe siècle, Fabrizio Boschi se distingue par l’ampleur des formes, le volume qu’il sait donner aux drapés, la clarté des attitudes et la variété des matériaux. Il appartient à la sphère des artistes qui, comme Domenico Passignano, Cigoli, Santi di Tito, Poccetti, Boscoli, Jacopo da Empoli et Gregorio Pagani, dont il fut l’élève, se trouvèrent en 1589 à travailler ensemble pour les décors éphémères (apparati) du mariage de Christine de Lorraine et du grand-duc Ferdinando I. Malgré la diversité du sujet, il est intéressant de comparer le dessin exposé avec le tableau L’Allégorie de la Charité (Florence, collection particulière), récemment attribué de manière tout à fait convaincante à Boschi. On y retrouve la pose de la figure au repos, exprimant une sorte de mélancolie rêveuse, jambes demi-pliées, couvertes d’un large manteau. Cette absence de tension et cette simplification de la forme se retrouvent dans ses nombreux dessins à la sanguine, conservés principalement aux Offices, comme l’étude de Femme debout (GDSU 9434 F). Cette retenue de l’expression ne doit pas masquer une vraie science dans le rendu des effets d’ombre et de lumière sur les tissus aux plis épais. On peut confirmer en raison de ces caractéristiques l’attribution à Fabrizio Boschi de l’étude d’un Homme assis sur un tabouret (Darmstadt, inv. AE 1521), visiblement destiné à une représentation de la Cène (un thème qu’il a traité dans le réfectoire de l’Ospedale di Bonifazio, actuellement la Questura) : le nom de Boschi figure dans le cartouche de la collection Mariette. Les dessins de figures isolées drapées, même s'il se distinguent d'une production assez conventionnelle de Mateo Rosselli, chef de file de nombreux artistes florentins, ne reflètent pas toutes les possibilités graphiques de Boschi. Il est en fait l’un des dessinateurs les plus sensibles de sa génération. Dans des compositions allégoriques, aux sujets parfois complexes, comme les deux études d’Un moribond face au démon, à l’ange et à la mort (Florence, Biblioteca Marucelliana, inv. F 2 et GDSU 9406 F), il fait preuve d’une vigueur d’écriture et d’une originalité dans l’invention, qui le distinguent au sein de la production italienne du Seicento. Nullement provincial, Boschi, dont les tableaux circulèrent en France et qui travailla pour les Barberini, fut aussi un dessinateur de projets d’architectures et d’ornements monumentaux de talent, utilisant la sanguine ou la pierre noire en les rehaussant légèrement au pinceau d’un peu de lavis de même teinte, dans une facture brillante, typiquement florentine, qui l’apparente à Giovanni Maria Morandi ou à Volterrano.

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