Ecce Homo
Ciampelli fait partie de ces artistes florentins tels
Cigoli, Commodi ou Passignano qui ont œuvré
à Rome durant une partie de leur carrière,
principalement grâce à l’appui de prélats florentins
liés à la cour papale. C’est Alessandro de’Medici, archevêque de Florence, qui favorisa
Ciampelli dès qu’il reçut la pourpre cardinalice
en 1594. Il l’appela dans la Ville éternelle pour
participer à la décoration de l’église dont il était
titulaire, Santa Prassede, pour laquelle Ciampelli
peignit deux œuvres, La Vision de saint Jean
Gualbert de Vallombreuse dans la sacristie, et
dans la nef, une fresque représentant un Ecce
Homo. Les deux fresques qu’il avait réalisées
pour son palais florentin, portant aujourd’hui
le nom de palais Corsi, représentant Esther et
Assuérus et Caïn et Abel, avaient fait du peintre
un fidèle serviteur de l’Église. Dès lors, la
carrière romaine du peintre était lancée. Il participa
ainsi à la décoration du baptistère de Saint-
Jean-de-Latran pour le jubilé de 1600 et réalisa,
dans la sacristie de la basilique, d’importantes
fresques retraçant la vie du pape saint Clément.
Il œuvra également pour les églises de San Vitale
et du Gesù, et pour la basilique de Santa Maria
in Trastevere entre 1600 et 1603.
Le dessin de Grenoble, portant une attribution
ancienne à Ciampelli, est une étude préparatoire
pour la fresque de Santa Prassede, représentant
le Christ amené par Pilate devant le
peuple juif, réalisée entre 1594 et 1596,
soit en même temps que d’autres fresques dues
à Giovanni Balducci, Paris Nogari, Girolamo
Massei, ou encore Baldassare Croce, et
montrant également des scènes de la Passion.
Très peu de variantes sont à signaler entre les
deux supports, ce qui signifie selon toute
vraisemblance que le dessin, relativement
abouti et d’un format assez important, a servi
de modello pour la réalisation de la fresque. La
composition – constituée de plans successifs
dans un esprit hérité du maniérisme, où le
Christ est représenté dans la partie supérieure
en hauteur, le peuple dans la partie inférieure,
deux zones délimitées par la diagonale de l’escalier
qui creuse l’espace – aspire le regard vers la
scène principale, à laquelle aboutissent les différentes
zones du dispositif scénique. Le groupe
des figures repoussoirs de droite, composé de
mères avec leurs enfants et de jeunes garçons
pointant du doigt la figure du Christ – véritable
forêt de bras –, joue le rôle principal d’indicateurs
: ils montrent ce qu’il y a à voir en invitant
les enfants, représentant des spectateurs fidèles,
à regarder vers le haut de la composition. Cette
façon de concevoir l’espace vient en grande
partie de Federico Zuccari, que Ciampelli
découvrit sûrement à Florence. Tandis que ses
référents stylistiques en matière de graphisme
– en particulier la figure du jeune homme de
droite, les bras tournés vers le Christ, et la tête
vers un enfant – proviennent de la fréquentation
des oeuvres de Santi di Tito, peintre
florentin auprès duquel il s’est formé.
Découvrez également...
-
Femme à la mandoline
1922 -
Pot globulaire
VIe siècle - VIIe siècle -
Nu assis
3ème quart XIXe siècle