Ecce Homo

Agostino CIAMPELLI
XVIe siècle
33,8 x 29,8 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Don de Jean Marie Léonce Mesnard en 1879

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Ciampelli fait partie de ces artistes florentins tels Cigoli, Commodi ou Passignano qui ont œuvré à Rome durant une partie de leur carrière, principalement grâce à l’appui de prélats florentins liés à la cour papale. C’est Alessandro de’Medici, archevêque de Florence, qui favorisa Ciampelli dès qu’il reçut la pourpre cardinalice en 1594. Il l’appela dans la Ville éternelle pour participer à la décoration de l’église dont il était titulaire, Santa Prassede, pour laquelle Ciampelli peignit deux œuvres, La Vision de saint Jean Gualbert de Vallombreuse dans la sacristie, et dans la nef, une fresque représentant un Ecce Homo. Les deux fresques qu’il avait réalisées pour son palais florentin, portant aujourd’hui le nom de palais Corsi, représentant Esther et Assuérus et Caïn et Abel, avaient fait du peintre un fidèle serviteur de l’Église. Dès lors, la carrière romaine du peintre était lancée. Il participa ainsi à la décoration du baptistère de Saint- Jean-de-Latran pour le jubilé de 1600 et réalisa, dans la sacristie de la basilique, d’importantes fresques retraçant la vie du pape saint Clément. Il œuvra également pour les églises de San Vitale et du Gesù, et pour la basilique de Santa Maria in Trastevere entre 1600 et 1603.
Le dessin de Grenoble, portant une attribution ancienne à Ciampelli, est une étude préparatoire pour la fresque de Santa Prassede, représentant le Christ amené par Pilate devant le peuple juif, réalisée entre 1594 et 1596, soit en même temps que d’autres fresques dues à Giovanni Balducci, Paris Nogari, Girolamo Massei, ou encore Baldassare Croce, et montrant également des scènes de la Passion. Très peu de variantes sont à signaler entre les deux supports, ce qui signifie selon toute vraisemblance que le dessin, relativement abouti et d’un format assez important, a servi de modello pour la réalisation de la fresque. La composition – constituée de plans successifs dans un esprit hérité du maniérisme, où le Christ est représenté dans la partie supérieure en hauteur, le peuple dans la partie inférieure, deux zones délimitées par la diagonale de l’escalier qui creuse l’espace – aspire le regard vers la scène principale, à laquelle aboutissent les différentes zones du dispositif scénique. Le groupe des figures repoussoirs de droite, composé de mères avec leurs enfants et de jeunes garçons pointant du doigt la figure du Christ – véritable forêt de bras –, joue le rôle principal d’indicateurs : ils montrent ce qu’il y a à voir en invitant les enfants, représentant des spectateurs fidèles, à regarder vers le haut de la composition. Cette façon de concevoir l’espace vient en grande partie de Federico Zuccari, que Ciampelli découvrit sûrement à Florence. Tandis que ses référents stylistiques en matière de graphisme – en particulier la figure du jeune homme de droite, les bras tournés vers le Christ, et la tête vers un enfant – proviennent de la fréquentation des oeuvres de Santi di Tito, peintre florentin auprès duquel il s’est formé.

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