Chardon, reptile et papillons

Otto MARSEUS VAN SCHRIECK
XVIIe siècle
61 x 50,5 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Don de Jean Marie Léonce Mesnard en 1879
Localisation :
SA05 - Salle 05

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Le peintre hollandais Otto Marseus van Schrieck est l’inventeur d’un genre tout à fait singulier de nature morte, la peinture de sous-bois, qui lui valut le surnom de Snuffelaer (le Furet). Dans sa propriété près d’Amsterdam, il élevait des petites bêtes en vivarium, les observant avec l’attention d’un zoologiste. Relevant à la fois de la planche de sciences naturelles et du langage propre aux vanités, ses compositions retiennent avec un soin méticuleux tous les détails de ce microcosme. Dans de sombres forêts, le peintre rassemble batraciens, reptiles, insectes, champignons et plantes diverses en d’effrayantes mises en scène dont la beauté menaçante exerce une terrible fascination et émerveille par tant de précision. Le choix des espèces tout autant que leur place dans la composition révèlent un sens caché, comme dans cette toile où chardon et papillons, symboles d’immortalité de l’âme et de résurrection, s’opposent au serpent menaçant, référence à la mort et au monde du Mal.
En 2005, cette œuvre a fait l’objet d’une étude scientifique très poussée, menée par les équipes du Centre de Recherche et de Restauration des Musées de France. De nombreux tableaux de Van Schrieck présentent des papillons, blancs dans la plupart des cas. L’étude approfondie du tableau de Grenoble a permis de découvrir que l’artiste intégrait matériellement les écailles des ailes de papillons en les transférant directement sur la toile, tel le paon-du-jour brun-rouge aux ailes déployées représenté ici. Les écailles, très fragiles, se sont décollées avec le temps, laissant la silhouette des ailes vides préparées au blanc de plomb. L’observation attentive du feuillage a aussi permis de découvrir que l’artiste faisait entrer le réel dans ses œuvres en réalisant des empreintes de feuillages afin de fixer le dessin des nervures et les contours. Ces pratiques, que l’on pensait réservées aux artistes contemporains, mettent en avant l’extraordinaire créativité du peintre, plus de trois siècles avant les inventions de Picasso et des surréalistes.

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