Abraham chassant Agar

Joseph-Marie VIEN
XVIIIe siècle
20 x 18,2 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Mode et date d'entrée inconnus (probablement collection L. Mesnard).

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Dans la monographie raisonnée des œuvres de Vien publiée en 1988, Thomas Gaehtgens et Jacques Lugand signalaient un petit dessin à l’encre et lavis du musée de Grenoble représentant Abraham chassant Agar (MG D 191 [1]) . Ce dessin, publié pour la première fois en 1882 sous le nom de Vien, relégué comme « école de Vien » dès 1884 pour ensuite retrouver son attribution au maître à partir de 1901. La feuille que nous présentons ici, retrouvée dans les boîtes « vrac » où il figurait comme anonyme français du XVIIIe siècle, est préparatoire à la même composition et présente l’avantage d’être plus grand et dans un meilleur état de conservation. D’une étude à l’autre, l’artiste a varié le cadrage, plus resserré, ainsi que l’ordonnance des figures. L’idée de la composition des deux dessins de Grenoble se retrouve dans une autre étude représentant un* Couple revenant de la fontaine et prédécédé d’un enfant*, conservée au musée des beaux-arts de Béziers [2] . Ces œuvres, par leur graphisme haché et l’emploi de la plume abondamment rehaussée de lavis, sont à situer vers 1785-1790.
Originaire de Montpellier, où il reçoit sa première formation, Vien gagne Paris en 1740. Après l’obtention du Grand prix en 1743 et le séjour à Rome (1744 à 1750) qui s’en suit, Vien débute une longue carrière qui sera comblée d’honneurs officiels. A son retour, le débat entre les Modernes et les Anciens est à son apogée. Le peintre va désormais mener ses recherches dans le sens d’un retour vers un idéal classique, avec des tentatives d’épuration de la peinture qui s’illustreront à travers des œuvres « à la grecque », comme la Marchande d’Amours (Fontainebleau, musée national du château). Par la précocité de son style à l’antique, Vien s’impose, à partir des années 1760, comme l’artiste le plus novateur de sa génération et obtient, à la mort de Pierre en 1789, le poste de Premier peintre du roi. Toutefois, à la fin des années 1770, l’art un peu froid et stéréotypé, qui avait auparavant fait le succès de Vien, commence à être dépassé et trouve une expression bien plus aboutie dans l’œuvre d’artistes plus jeunes comme Peyron ([MG 243]({shareBaseUrl}{shareSingleWorkPrefix}60000000005986) ,MG 2615 et MG 2616 ) . Vien se tourne alors de plus en plus vers l’art classique du Grand Siècle dont on retrouve dans les dessins de Grenoble le mouvement lent et noble dans l’animation des personnages. Aucune peinture n’a pu être mise, pour le moment, en relation avec ces dessins[3].


[1] MG D 191. Plume et encre brune, lavis d'encre brune, H. 8 ; L. 12 cm.
[2] Béziers, musée des beaux-arts, Couple revenant de la fontaine, dessin, Inv. n° 2042. Voir Gaehtgens et Lugand, 1988, n° 135, p. 251.
[3] Pierre Rosenberg ( comm.écrite, août 2011 ) ne croit pas à l'attribution de ce dessin de Vien.

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