Appareil de téléphilie

Pierre ROY
1929
35,5 x 27,5 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Achat à la Galerie von Bartha en 1991
Localisation :
SA36 - Salle 36

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Entré dans le cercle des surréalistes par l’entremise de Giorgio de Chirico, Pierre Roy participe à la première exposition du groupe en 1925. Mais si son œuvre présente des parentés avec celle des autres artistes du mouvement, elle ne cache pas longtemps des préoccupations bien différentes. Aussi, une rupture définitive interviendra dès 1927. Imprégné de l’univers métaphysique de De Chirico, le travail de Pierre Roy s’en distingue pourtant par un traitement pictural quasi photographique. Rencontres fortuites d’éléments disparates, disproportionnés et assemblés dans l’esprit d’un collage illusionniste, ses œuvres tentent de concilier métier classique du peintre (perspective, trompe l’œil, etc.) et modernité du sujet. Appareil de téléphilie, peint en 1929, est un exemple étonnant de ce langage pictural construit par combinaisons d’objets qui prennent au cours de ces confrontations un sens renouvelé. Dans un espace désertique de sable et de cailloux, un curieux instrument se dresse, fiché en terre par deux bambous aux dimensions démesurées : l’étrange « appareil de téléphilie » fait d’un aimant surmonté de deux œufs, noués ensemble par un ruban bleu. Tout est mis en œuvre pour insérer cette construction improbable dans une réalité possible : les ombres portées, la perspective réaliste, l’emploi des raccourcis et le rendu précis des textures et de la lumière. C’est par son titre, pour lequel l’artiste n’a pas craint d’inventer un mot, que le voile de mystère qui entoure cet instrument peut être levé. La téléphilie, si l’on s’en tient à l’étymologie, serait tout simplement la transmission des sentiments à distance, et cette machine, avec son aimant et son disque-récepteur planté au sommet d’un piquet, permettrait d’envoyer et de recevoir des messages sentimentaux. Poétique, et légèrement teintée d’érotisme, cette image tente la traduction picturale d’une idée, renouant avec la tradition des natures mortes symboliques, dans un esprit renouvelé par le souffle onirique du surréalisme.

Un autre regard

  • Le surréalisme

    Le Surréalisme est un mouvement intellectuel, littéraire et artistique, ébauché vers 1919 à la suite du dadaïsme et défini par André Breton en 1924.

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