Navigation series box

Américain dont la carrière s’est entièrement déroulée dans son pays d’origine, Joseph Cornell a été profondément influencé par le mouvement surréaliste, découvert à travers les collages de Max Ernst en 1931. Si ses oeuvres participent à quelques expositions du groupe en 1938, lui-même restera toujours indépendant à l’égard du dogme énoncé par André Breton. Auteur de nombreux collages, c’est essentiellement par ses boîtes-constructions, dont le modèle est à chercher du côté de La Boîte-en-valise de Duchamp, que Cornell apporte sa contribution à l’univers artistique. Microcosmes construits à partir d’éléments collectés tout au long de sa vie (verres, cartes du ciel, anneaux, pipes, ficelles…), ces boîtes sont comme de minuscules théâtres de mémoire, ouverts sur un monde imaginaire empreint de poésie et de fantaisie. Navigation Series Box de 1950 appartient à la famille des « cosmologies », boîtes tapissées à l’intérieur de cartes du ciel, de vieilles gravures du système solaire etc., dans lesquelles évoluent des boules, des anneaux, illustrations miniatures de la course des planètes et des étoiles. Monde clos par une vitre, cette œuvre franchit les limites traditionnelles établies entre peinture, sculpture, collage, mettant la syntaxe surréaliste au service d’un nouveau langage plastique, où l’œuvre et sa vitrine ne font désormais plus qu’un. L’association des divers indices (balle de caoutchouc figurant une planète, anneaux métalliques évoquant la trajectoire elliptique des objets célestes, verres cassés…), conduit l’imaginaire du spectateur aux portes d’un monde poétique, où le cosmos, soudain emprisonné dans un coffret, permet la réalisation d’un vieux rêve d’enfant, celui de Gulliver. Réalisée avec la minutie propre aux maisons de poupées, cette œuvre est une invitation au voyage, périple dans l’espace et promenade dans le temps de l’enfance.