Sans titre

Alan CHARLTON
1970 - 1974
244 x 396 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Achat à la Galerie Durand-Dessert en 1989

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Peintre, Alan Charlton opte dès ses premiers travaux, et à la suite des minimalistes américains, pour un art fondé sur la négation de toute narration, ou plutôt n’offrant pour seule narration que celle de son processus. Depuis le début des années 70, il élabore une œuvre exigeante et austère, étayée par une analyse subtile et aiguë des éléments constitutifs du tableau et reposant sur l’utilisation exclusive d’une seule couleur : le gris. Toutefois, loin de répondre à la définition traditionnelle – le recouvrement par un pigment d’une surface plane –, son approche de la peinture aborde le tableau lui-même comme un objet en soi, dont on doit saisir et envisager toutes les dimensions. De là le « découpage » du tableau, son évidement (Slot Paintings), sa réduction (Détail et Line Paintings), sa division (Part Paintings)… De là également la prise en compte de son épaisseur, le pigment ne recouvrant pas seulement la surface de la toile mais aussi tous ses côtés. De là, enfin, cette remise en cause de la séparation des genres, les peintures de Charlton travaillant à l’instar de sculptures la surface des murs sur lesquels elles sont accrochées, l’espace qui les environne. Peinte de manière uniforme, sans aucun effet de matière, chaque toile se présente comme une épure de la couleur, dont l’intensité varie en fonction de la tonalité retenue, mais également en fonction de la forme du ou des panneaux utilisés. L’emploi du gris comme couleur unique, dont Charlton révèle la diversité infinie de nuances, se donne en définitive comme une démonstration limpide et vertigineuse du chromatisme en peinture.
Sans titre (1970-1974) fait partie de la première série de peintures réalisée par Alan Charlton et intitulée Square Hole Paintings. Se présentant comme un vaste espace gris sombre, le tableau est percé de deux carrés près des angles supérieur et inférieur gauches. Ces motifs en creux viennent interrompre le champ coloré en révélant brutalement le mur. Cependant, ils mettent en évidence parallèlement l’épaisseur du tableau, non plus surface immatérielle comme on l’imaginait, mais bloc de peinture suspendu dans l’espace.

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