Maternité
« Expérience intérieure accomplie en marge de tous les arts officiels » (Alain Jouffroy), l’œuvre de Victor Brauner offre une vision originale du monde et de l’humanité. Universelle et traversée par les mythes, elle trouve ses sources en Roumanie, à Pietra Naemz où l’artiste naît en 1903. Très tôt, son père, adepte du spiritisme et de la théosophie, influence le développement de son art, tourné vers la magie et l’ésotérisme. Étudiant à l’École des beaux-arts de Bucarest (1919-1921), Brauner participe au développement des avant-gardes alors marquées par le futurisme, dada et le constructivisme, en participant notamment à la fondation de 75 HP _(avec Ilarie Voronca). Comme de nombreux artistes et écrivains roumains tels Ghérasim Luca, Cioran, Brancusi ou Tzara, Brauner fait plusieurs séjours à Paris avant de s’y installer en 1930. Yves Tanguy le présente à André Breton qui l’invite à collaborer au recueil _Violette Nozière (1933). Brauner restera fidèle à l’aventure surréaliste jusqu’en 1948. Par son Autoportrait à l’oeil énucléé (1931, Musée national d’art moderne / Centre Pompidou) au caractère tragiquement prémonitoire – l’artiste perdra son œil en 1938 lors d’une rixe entre Esteban Francès et Oscar Dominguez –, Brauner assimile son œuvre à celle d’un voyant, réactualisant en cela l’appel de Rimbaud à réunir poésie et voyance. Après-guerre, l’artiste adopte un style épuré en créant des œuvres où prévalent des figures archétypales aux formes géométriques, des pictogrammes et des aplats. Les créatures aux couleurs acidulées de Maternité (1955) et Promenade de l’oiseau (1958), également conservée au musée de Grenoble, se détachent sur un fond neutre, sans paysage aucun. On y retrouve cette tension vers l’archétype qui anime Brauner depuis ses premiers tableaux de cire jusqu’aux peintures de la période des « Chimères ». On y observe aussi son répertoire mythologique, puisé autant dans les arts africains et océaniens que du côté de la cabbale, du tarot et des romantiques allemands. L’iconographie hermétique toutefois est désormais plus apaisée, plus enfantine ; le peintre infléchit alors son œuvre vers le style simplifié des futurs Cycle des Mythologies et Fêtes des Mères réalisés sur toile et bois découpé.
Un autre regard
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Le surréalisme
Le Surréalisme est un mouvement intellectuel, littéraire et artistique, ébauché vers 1919 à la suite du dadaïsme et défini par André Breton en 1924.
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