Tortues

Après des études de philosophie, Gilles Aillaud
revient à la peinture qu’il a pratiquée assidûment
dès son plus jeune âge. Pendant les années 50,
il travaille en autodidacte et produit, à l’aide de
matériaux hétérogènes, des paysages marins et
des tableaux d’oiseaux. Plâtre, coton et grillage
sont utilisés pour représenter un rapace, film
plastique et sable collé pour évoquer la mer et le
rivage. En 1961, il rencontre Eduardo Arroyo avec
qui il partage les mêmes conceptions artistiques
et politiques et qui l’encourage à participer au
Salon de la jeune peinture. Aillaud deviendra l’un
des principaux représentants de la Figuration
narrative, art militant qui pose la question du
« pouvoir de l’art dans le devenir du monde ».
À partir de 1966, Aillaud ne peint plus que
des animaux – ours, hippopotames, lions,
rhinocéros, éléphants… – enfermés dans
des cages ou des verrières, figés derrière des
grilles ou exhibés dans des fosses. Les zoos
contiennent un fabuleux répertoire de formes et
de couleurs, d’espèces et de textures, de pelages
et de plumages, que l’artiste restitue dans une
ambiance paradoxale : l’aspect artificiel des lieux
suggère avec froideur que la nature sauvage des
animaux qui vivent là n’est plus qu’un spectacle.
Ils jouent leurs mornes existences comme
des acteurs fatigués sous l’œil de spectateurs
curieux.
Tortues, peint en 1975, présente six tortues
évoluant contre un grillage au fond d’un enclos
tandis qu’au premier plan une septième, solitaire,
semble se hâter vers ses congénères, tournant
le dos au spectateur. Les couleurs chaudes du
sol et des carapaces tranchent avec les tonalités
froides du carrelage et du métal. Le cadrage
resserré et l’étrange perspective maintiennent
une distance émotionnelle accentuée par le
choix d’une touche lisse et mate. Exposés dans le
décor factice de leurs espaces clos, les animaux
sauvages de Gilles Aillaud sont à décrypter
comme une interrogation de notre humanité,
comme une métaphore de l’aliénation dans notre
société moderne.
Un autre regard
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Peinture figurative de 1960 à 2000
La tradition veut que la peinture soit « figurative » lorsqu’elle permet de reconnaître une certaine réalité.
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Vase en forme de gourde
2ème moitié XVIIIe siècle -