Vase en forme de gourde

60,5 × 46 × 20 cm
Porcelaine à décor
bleu et blanc
Don de Léon de Beylié en 1904
MG 2007-0-175 et 176
Cette paire de grands vases en porcelaine à décor bleu et
blanc se distingue à la fois par la finesse du dessin et par
la forme de gourde. Cette dernière est courante dans la
céramique chinoise, mais dans des dimensions plus
modestes. Des grands vases chinois, ceux-ci ont conservé le
long col, mais la panse s’est aplatie présentant une vaste
surface de composition pour le peintre tel un grand plat
rond. Deux scènes tirées de la mythologie chinoise s’y
déroulent : des Immortels habitent le Palais de la Lune et
leur reine Xizangmu, très belle, fabrique la potion magique.
Selon un autre mythe, ce sont les pêches cueillies dans ce
palais qui rendent immortel.
Sur les faces de ces vases se trouvent d’un côté des
personnages masculins et de l’autre des personnages féminins
représentant respectivement quatre hommes devant
un pavillon dont la porte est gardée par un militaire, et la
reine ou déesse entourée de ses servantes dans un
pavillon flottant sur des nuages, dans une atmosphère
mystérieuse de clair de lune. L’un des quatre hommes placé
au milieu de la scène est probablement le roi chinois qui veut
devenir immortel. L’histoire des Immortels taoïstes, xianren,
est l’un des sujets préférés des Chinois. Pour eux, ce sont des
sages ermites qui vivent loin des problèmes humains. Ce
thème est souvent repris dans la peinture et la céramique.
Si les scènes principales sont typiquement chinoises,
les motifs entourant les scènes sont plutôt de style japonais.
Même si la pivoine est un motif très présent dans la
céramique chinoise, les pivoines et les feuillages stylisés
sur la porcelaine rappellent ici des motifs japonais tels
qu’on peut en voir sur les assiettes d’Imari. La surface complètement
remplie de motifs végétaux et de petits points
est aussi typiquement japonaise. Toutefois, la subtilité du
dessin et la qualité de porcelaine montre qu’il s’agit d’une
fabrication chinoise, en particulier de fours de Jingdezhen.
Nous savons que de nombreuses céramiques ont été
exportées de Chine pour l’Europe et pour d’autres pays
d’Asie pendant plusieurs siècles et la porcelaine de
Jingdezhen témoigne de ces échanges culturels entre les
pays. Par ailleurs, la teinte bleu pâle et les traits nets montrent
que ces objets ont été produits après la période de
Kangxi, probablement dans la seconde moitié du
XVIIIe siècle.
Ces deux vases sont les pendants l’un de l’autre et les
scènes, de ce fait, sont inversées et comportent quelques
différences. La composition est similaire mais présente des
variantes dans l’expression et la gestuelle des personnages,
caractéristique de l’art chinois qui évite la symétrie et la
régularité tout en conservant l’harmonie et l’équilibre.