Proserpine ornant la statue de Cérès sa mère avec des fleurs qu'elle et ses compagnes viennent de cueillir : Pluton en devient amoureux, dit aussi L'Enlèvement de Proserpine ou Le Sacrifice à Cérès

C’est en 1757 que le marquis de Marigny, directeur des Bâtiments du Roi, commanda à François Boucher, Jean-Baptiste-Marie Pierre, Carle Van Loo et Joseph-Marie Vien, quatre grands panneaux destinés à servir de modèle aux Gobelins et dont les sujets devaient se rapporter aux amours des dieux. L’histoire de Proserpine, thème choisi par Vien, est relatée dans le cinquième livre des Métamorphoses d’Ovide, poète romain contemporain d’Auguste. Fille de Cérès et de Jupiter, elle fut enlevée par son oncle Pluton, dieu des enfers. De grand format carré, la composition est divisée en deux triangles par une diagonale reprise par la disposition de Proserpine et de ses suivantes, occupées à décorer de fleurs la statue de Cérès. Un décor touffu d’arbres et de fleurs sert de toile de fond à cette scène bucolique. Proserpine, d’une beauté virginale, le corps ceint d’étoffes chatoyantes, laisse entrevoir avec candeur la carnation nacrée de ses formes juvéniles qui excitèrent la concupiscence de Pluton. Jaillissant de l’enfer, déterminé à accomplir son ignoble forfait, le ravisseur n’a d’yeux que pour sa victime. Son attelage, mené par deux chevaux noirs à l’allure démoniaque, occupe la partie droite du tableau. Dans le lointain, l’Etna en activité, demeure mythique du dieu, ajoute une note terrible à la scène. Le coloris respecte l’adéquation du style au sujet. Vif et enjoué pour l’évocation du groupe de jeunes femmes, il s’assombrit pour la représentation de Pluton et de ses coursiers, traités à l’aide de rouges, de bruns et de noirs. Cette œuvre n’est pas exempte d’intentions morales, elle dénonce les égarements de la passion et son action pernicieuse sur la destinée humaine.
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