Héro et Léandre

Louis Marie BAADER
1866
106 x 180 cm
Crédit photographique :
VILLE DE GRENOBLE / MUSÉE DE GRENOBLE-J.L. LACROIX
Acquisition :
Dépôt de l'Etat en 1866 (achat au 55e Salon des Artistes Vivants).
Localisation :
SA17 - Salle 17

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Originaire de Lannion en Bretagne, Louis-Marie Baader recherche toute sa vie le succès au Salon à travers de vastes compositions historiques ou mythologiques. Mais cet élève de l’école des beaux-arts de Paris, où il fréquente l’atelier d’Adolphe Yvon à partir de 1848, ne réussit pas toujours à se distinguer des auteurs des innombrables toiles sélectionnées par le jury et peine à obtenir les faveurs de l’État, qui aurait pu hâter sa carrière. S’il ne reçoit aucune commande publique pour la décoration d’un édifice, Baader a la chance de voir quelques-uns de ses tableaux achetés par le ministère des Beaux-Arts pour venir orner les murs des musées de province. C’est le cas par exemple de cette œuvre, Héro et Léandre, qui figurait au Salon de 1866 où elle fut acquise pour être envoyée au musée de Grenoble. Le thème, emprunté aux Héroïdes d’Ovide, raconte l’histoire d’Héro, prêtresse d’Aphrodite à Sestos, et de son amant Léandre, vivant à Abydos sur l’autre rive. Toutes les nuits, le jeune homme traverse le détroit à la nage, guidé dans l’obscurité par la lueur d’une lampe allumée par la main de sa belle. Un soir, la lampe s’éteint et le héros se noie. Lorsque son corps est ramené sur la grève, la jeune femme se suicide. L’artiste choisit de camper l’étreinte fougueuse des amoureux dans une atmosphère romantique, une plage cernée de rochers sombres à peine éclairés d’un rayon de lune, caressant la crête des vagues. Les corps enlacés des héros sont encore épargnés par le drame mais la menace les entoure, venue de l’obscurité des roches comme de la grisaille des nuages. Seule la fragile lueur jaune de la lanterne troue ce voile d’ombre qui enveloppe les amants. Cette œuvre vaut à son auteur une médaille d’or et l’attention d’un critique, Montifaud, louant dans ce tableau « la nuit des eaux, ces murmurants abîmes dont il est difficile de rendre la liquidité, tandis que sur les derniers plans horizontaux, la vaporisation de surfaces salines se prolonge en se dissolvant ».

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