Echelonnement

Sophie TAEUBER-ARP (Sophie-Henriette TAEUBER, dit)
1934
65 x 50,8 cm
Crédit photographique :
Ville de Grenoble / Musée de Grenoble-J.L. Lacroix
Acquisition :
Achat à Marguerite Arp-Hagenbach en 1969
Localisation :
SA30 - Salle 30

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En 1948, Hans Arp avoue rétrospectivement la dette qu’il doit à sa compagne Sophie Taeuber-Arp : « En décembre 1915, j’ai rencontré à Zurich Sophie Taeuber qui s’était affranchie de l’art conventionnel […]. Elle me montra des dessins, des tapisseries et broderies exclusivement composés en verticales et horizontales. » Diplômée de l’École des arts appliqués de Munich, l’artiste enseigne alors à l’École des arts décoratifs de Zurich, ville de naissance du mouvement dada. La liberté de ses compositions qui ne sont que rythmes, cadences et peinture pure, elle la doit à dada, qui décloisonne alors les arts, mais également à son statut de femme artiste qui lui permet de créer en toute indépendance dans une perspective peu carriériste. À l’image de Sonia Delaunay en France ou de Hannah Höch en Allemagne, Sophie Taueber-Arp a été quelque peu éclipsée par la notoriété de son compagnon, Hans Arp, épousé en 1921. Elle compte néanmoins elle aussi parmi les pionniers de l’abstraction, au même titre qu’Arp, son époux, Mondrian et De Stijl en Hollande ou Malévitch et les suprématistes en Russie. En effet, après avoir participé à Zurich aux activités dada du Cabaret Voltaire, Taeuber-Arp est en France dans les années 30 un élément actif des groupes Cercle et Carré (1929-1930), Art concret (1930-1931) et Abstraction-Création (1931-1936). Toute son œuvre conservera l’originalité de cette double attache, le mouvement dada d’une part et le constructivisme d’autre part. Peint en 1934 alors qu’elle est membre d’Abstraction-Création, Échelonnement est le fruit de cette synthèse. La répétition d’un motif blanc entre ligne et courbe crée une succession cadencée sur un fond bleu, et se poursuit, au-delà du tableau, comme s’il s’agissait du motif d’un tissu ou d’une partition. La mise en page est pure et clairement ordonnancée par une structuration en registres superposés dont le caractère rythmique et ondulatoire évoque la musique ou la danse. La danse, qu’elle a pratiquée très tôt avec Rudolf Laban et Mary Wigman notamment, a imprégné jusqu’à la fin de sa vie ses créations visuelles, donnant à ses œuvres la fluidité de partitions chorégraphiques. D’un caractère doux, inspiré et sensible, Sophie Taeuber-Arp rappelait en 1937, six ans avant sa mort accidentelle, que le fondement de son art était la gaieté, « qui permet d’affronter les problèmes de la vie sans peur et d’y trouver une solution naturelle ». Cette recherche de l’harmonie transparaît dans Échelonnement comme dans tout son œuvre construit.

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